D’insistantes rumeurs faisant état d’un accord entre Kraft Foods et Cadbury avaient ce matin poussé les deux groupes à confirmer des discussions en vue d’un rachat amical du britannique par l’américain, en promettant de publier rapidement des informations. C’est chose faite depuis le milieu de la matinée, avec la confirmation par Kraft d’une offre à 840 Pence par action Cadbury, recommandée « unanimement » par le conseil de sa cible. Auparavant, Cadbury aura distribué 10 Pence par action de dividende exceptionnel. L’américain propose 500 Pence en cash et 0,1874 de ses propres actions pour les actions ordinaires et 2.000 Pence plus 0,7496 action pour les ADS (actions cotées aux Etats-Unis). L’offre ne requiert pas l’aval des actionnaires de Kraft, même si le projet emporte création de 265 millions d’actions, environ 18% de plus que le total actuel. Elle valorise Cadbury 11,9 milliards de livres (environ 13,6 milliards d’euros).
Durant le week-end, les principaux fonds actionnaires de Cadbury avaient distillé des informations selon lesquelles ils n’apporteraient pas leurs titres en dessous de cette barre de 850 pence… On peut donc penser que grâce à ce dernier « coup de pouce », Kraft pourrait emporter l’adhésion d’une majorité d’actionnaires. Reste à savoir si le groupe américain The Hershey, qui s’est aussi intéressé de près au dossier Cadbury, fera à son tour une offre avant ce soir (date-butoir), en sachant qu’il lui sera coûteux de surenchérir sur la dernière proposition de Kraft. La bataille boursière autour de Cadbury, fleuron de l’industrie agro-alimentaire britannique fondé en 1824, a été l’une des plus féroces menée ces dernières années en Grande-Bretagne… Dans un contexte de crise économique, elle a aussi déclenché un sentiment de protectionnisme assez rare outre-Manche, de nombreuses voix s’élevant contre la multiplication des OPA étrangères sur les sociétés anglaises.
En mettant la main sur Cadbury, Kraft s’offre un renforcement royal sur le marché de la confiserie, non seulement dans les pays occidentaux mais aussi du côté des économies émergentes, que lorgnent tous les groupes positionnés sur des secteurs matures et donc peu générateurs de croissance. Cadbury, ce sont des marques comme Dairy Milk, Hollywood, Stimorol ou Halls, très connues outre-Manche. Kraft pour sa part est solidement implanté aux Etats-Unis et en France, où l’on connaît le groupe via les chocolats Suchard, Milka ou Côte d’Or, les cafés Carte Noire, Jacques Vabre ou Grand-Mère, mais aussi les biscuits LU, rachetés à Danone en 2007. « Nous avons un grand respect pour les marques Cadbury, son héritage et ses employés », a affirmé la patronne de Kraft Irène Rosenfeld, des termes repris par le patron de Cadbury Roger Carr, pour tenter de désamorcer la polémique sur la prise de contrôle américaine de ce fleuron britannique. L’union des deux entreprises coulera sous une seule bannière une quarantaine de marques de premier plan, au sein d’une structure générant plus de 50 milliards de dollars de ventes annuelles, confortant ainsi sa position de numéro deux mondial de l’alimentaire derrière Nestlé.