Le constat de Mario Draghi
Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, ne mâche pas ses mots. Sa dernière déclaration, lors de la conférence annuelle du Comité européen du risque systémique, tenue le vendredi 22 septembre, a surpris plus d’un observateur. Pour lui, il y aurait trop de banques en Europe. Autrement dit, l’offre des services par les banques dépasse les besoins des clients.
Le secteur bancaire ne fonctionne pas de façon efficace
Ce qui fait dire à Mario Draghi : « de telles surcapacités signifient que le secteur ne fonctionne pas de manière efficace, ce qui explique entre autres pourquoi les coefficients nets d’exploitation demeurent élevés dans certains pays », lit-on dans son allocution. Et d’ajouter, lors du même évènement, « les surcapacités dans certains secteurs bancaires nationaux et l’intensité de la concurrence qui en découle exacerbent ces pressions sur les marges ». Cette situation de déséquilibre ne manque pas d’aggraver le problème de la rentabilité du secteur bancaire européen.
Un danger pour l’économie ?
Et ce n’est pas tout. Cette situation pourrait également, toujours selon le patron de la BCE, porter atteinte au financement de l’économie. Mario Draghi s’explique en mettant l’accent sur deux constats.
- Le premier : « Les crédits bancaires (…) augmentent trop vite lorsque l’économie se développe et diminuent sensiblement en cas de recul de l’activité économique. »
- Le second : « La croissance économique des pays dominés par l’intermédiation bancaire est inférieure à celle des pays dont les systèmes financiers sont plus équilibrés. »
Une Europe surbancarisée
Par ailleurs, ce constat de Mario Draghui relatif à la surcapacité bancaire confirme la conclusion principale d’un rapport intitulé “L’Europe est-elle surbancarisée ?” (Is Europe Overbanked ?) commandé par le Conseil européen du risque systémique (CERS), hébergé et soutenu par la Banque centrale européenne (BCE), et réalisé en 2014 par des universitaires. Ce rapport a conclu que le secteur bancaire est saturé en Europe et à l’origine de plusieurs déséquilibres, tels que le « sur-investissement dans l’immobilier et un détournement des compétences au détriment des secteurs non financiers. »
Que faire pour faire face à cette surpopulation du secteur bancaire ?
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, avait déjà suggéré de faciliter et promouvoir la fusion entre banques européennes, vu que les règles du marché tardent à porter leurs fruits. Les universitaires du CERS avaient, de leur côté, énuméré une dizaine de propositions dans leur rapport de 50 pages. A titre d’exemple, développer l’intermédiation non bancaire, augmenter les seuils minimums de fonds propres, freiner l’accumulation excessive de dette et restreindre les expositions mutuelles trop grandes entre établissements du secteur financier.