Coup de théâtre dans le monde des engrais… Les autorités du Canada ont bloqué cette nuit contre toute attente l’offre de 39 Mds$ de BHP Billiton sur le leader mondial des engrais, le Canadien Potash. Le gouvernement d’Ottawa a en effet estimé que cette prise de contrôle par le géant minier anglo-australien ne bénéficierait pas au pays, une condition posée par la loi canadienne pour approuver ce type de projet…
Le Canada a donné 30 jours à BHP pour présenter ses arguments, mais les chances de réussite de l’opération semblent désormais bien minces, selon les observateurs. A Ottawa, le titre Potash a chuté hier soir de 5% après l’annonce. A Sydney ce matin, la première réaction a été positive, paradoxalement, pour l’action BHP, qui a bondi de 2,5%… Les investisseurs ont en effet été soulagés à court terme, l’opération Potash s’annonçant coûteuse pour BHP. Ils espèrent aussi que le groupe consacrera désormais ses liquidités aux actionnaires à travers des rachats d’actions, ou à des investissements dans le pétrole et le gaz, jugés plus rentables.
Toutefois, à plus long terme, cet échec, qui s’ajoute à d’autres opérations manquées ces dernières années, pose un réel problème de stratégie pour le premier groupe minier mondial, et fragilise son patron, Marius Klopper. En effet, BHP a dû abandonner récemment un autre projet d’envergure, celui de créer une société commune dans le minerai de fer avec son rival Rio Tinto, en raison du refus des autorités de concurrence de plusieurs pays. Le groupe avait déjà échoué en 2008 à prendre le contrôle total de Rio Tinto… A sa décharge, en raison de son gigantisme, BHP Billiton se heurte à des obstacles concurrentiels dans presque tous les segments des matériaux de base, dès qu’il envisage une opération d’envergure de croissance externe.