La Lettonie serait-elle le grain de sable qui viendra gripper les rouages du système bancaire européen en convalescence ? L’économiste américain Nouriel Roubini appelle en tout cas à ne pas négliger les risques systémiques que fait peser la crise de la dette dans ce minuscule pays balte.
Des risques que la BCE a également mesurés, puiqu’elle a octroyé hier un prêt d’urgence à la Banque Centrale de Suède pour qu’elle puisse soutenir ses banques exposées à la dette de Riga…
Depuis, l’échec d’une émission d’obligations d’Etat, la semaine dernière, le gouvernement letton subit des pressions de plus en plus fortes pour dévaluer sa monnaie, le Lat, un geste qui mettrait à mal de nombreux portefeuilles oligataires à travers l’Europe, en particulier en Europe du Nord.
De plus, la plupart des emprunts contractés par les particuliers et les entreprises lettones l’ont été auprès de banques étrangères en devises, ce qui entraînerait une vague de défaillances en cas de dévaluation du Lat, jusqu’ici ancré à l’Euro…
Dans une chronique publiée ce matin par le ‘Financial Times’, Nouriel Roubini, qui avait prédit la crise des « subprime » dès 2006, affirme que les problèmes de la Lettonie sont les mêmes que ceux de l’Argentine en 2000-2001 : une récession sévère provoquée par un choc financier (le PIB de la Lettonie a plongé de 18% au premier trimestre sur un an !), un assèchement des flux de capitaux entrants, et un énorme déficit extérieur aggravé par la difficulté à maintenir la parité de sa monnaie.
Comme en Argentine, l’économiste estime que la seule solution viable sera de dévaluer le Lat, une hypothèse que le gouvernement, soutenu jusqu’ici par le FMI, cherche à éviter à tout prix, intervenant massivement sur la marché des changes pour enrayer la chute de la devise.
Bien que douloureuse, seule une dévaluation permettrait de restaurer la compétitivité du pays, qui pourrait par la suite adopter l’Euro, estime Nouriel Roubini… Mais il faudra auparavant passer par une restructuration de la dette, douloureuse pour tous les créanciers de Riga ! La chute du domino letton créerait un facteur d’incertitude sur l’Europe de l’Est, où les pertes bancaires s’amoncellent depuis le début de la crise et où d’autres monnaies ancrées à l’Euro sont en elles aussi en difficulté…