A première vue, la crise politique au Moyen-Orient ne perturbe pas beaucoup la planète financière… Les marchés d’actions ont même poursuivi leur progression cette semaine, pour atteindre leurs plus hauts niveaux depuis plus de deux ans et demi. Pour autant, les investisseurs sont plus fébriles qu’il n’y paraît, et surveillent de très près la situation en Egypte et dans les pays voisins. Ces derniers jours, les flux de capitaux se sont donc orientées vers des sphères jugées moins risquées : les marchés d’actions des grands marchés (Etats-Unis, Europe et Japon) au détriment des marchés émergents, les obligations des Etats jugés les plus solides, à commencer par les T-Bonds américains, ainsi que vers l’or, valeur-refuge par excellence, vers le Franc suisse et vers le pétrole, surtout le Brent de la Mer du Nord…
Ainsi, le Dollar est tombé hier de 0,9% face au Franc Suisse à 0,9506 Franc, tandis que l’Euro a cédé 0,7% à 1,2931 Franc. Le cours du T-Bond américain à 10 ans a rebondi ces derniers jours, faisant revenir son rendement à 3,57% hier soir, après avoir atteint un pic de 3,64% avant la démission d’Hosni Moubarak de la présidence égyptienne. De son côté, l’once d’or a désormais regagné 5% depuis son plus bas annuel du 27 janvier, et a avancé de 1,7% depuis la démission de Moubarak le 11 févier dernier.
Quant au pétrole, la hausse a surtout porté sur le baril de Brent (pétrole de la Mer du Nord), qui a atteint les 104 Euros, hier en début de séance, avant de se replier vers 102,60$ ce matin, tandis que le brut américain WTI est resté plus stable, autour de 86 Euros le baril. Un écart croissant entre les deux types de pétrole, qui s’explique par le fait que l’Europe serait la région la plus affectée en cas de perturbations des livraisons via le Canal de Suez. Hier, la télévision d’Etat iranienne ‘Press TV’ a fait monter la pression, en affirmant que Téhéran allait envoyer deux navires de guerre dans le canal, une véritable provocation aux yeux d’Israël. Hier également, les émeutes ont atteint pour la première fois un Etat du Golfe, Bahreïn, où au moins trois personnes sont mortes dans des affrontements avec la police. L’armée est intervenue et a pris le contrôle de la ville afin d’y rétablir le calme … La multiplication des manifestations populaires dans de nombreux pays (Algérie, Yémen, Libye, Bahreïn…) rendent donc la situation au Moyen-Orient de plus en plus imprévisible. En cas d’aggravation soudaine ou de contagion à des Etats pétroliers, nul doute que les marchés d’actions en profiteraient pour effectuer une correction après leurs sommets des derniers jours…
Charles Ledoux
