Boursier.com : Vous ne publierez vos comptes que dans quelques semaines, mais annoncez déjà que l’EBITDA sera supérieur à vos attentes, à savoir au-dessus de l’équilibre. Pourquoi ?
C.V. : Il sera meilleur que prévu. Depuis notre dernière communication du mois de novembre, les prix se sont améliorés. Toutefois, en Ukraine nous n’avons pas pu bénéficier de toute la hausse des prix à cause des quotas mis en place pour contenir les exportations, le gouvernement voulant éviter que le pays soit obligé d’importer pour faire face à ses besoins. Néanmoins, à la fin de l’hiver les cours se sont améliorés et nous avons pu vendre à des prix meilleurs qu’attendus en novembre. En outre, la quantité et la qualité du maïs moissonné en novembre ont été à la hauteur de nos espérances. Les rendements ont été bons. J’ajoute que notre gestion très rigoureuse des coûts fixes en interne a aussi contribué à ce que nous révisions à la hausse notre prévision d’EBITDA 2010.
Boursier.com : Craignez-vous de nouvelles mesures de quotas en 2011 ?
C.V. : Le gouvernement ukrainien a dit qu’il ne réitèrerait pas cette mesure.
Boursier.com : Votre modèle de développement rapide par acquisition des surfaces est donc validé?
C.V. : Notre modèle témoigne de sa solidité : nous enregistrons une très forte croissance de tous nos indicateurs clefs : la surface cultivée est multipliée par deux, le chiffre d’affaires par quatre. A périmètre constant, notre rentabilité sera améliorée par la progression de nos rendements.
Boursier.com : Poursuivez-vous votre croissance externe ?
C.V. : Nous avons signé des lettres d’intention sur plusieurs dossiers d’acquisitions de sociétés exploitantes de terres. Chacun des dossiers représentant entre 15 et 35% d’augmentation des surfaces à partir des 48.000 hectares que nous cultivons.
Boursier.com : Des opérations financées sur fonds propres ?
C.V. : Nous adaptons la solution de financement à chaque opération. Effectivement, une partie se fera sur fonds propres. Nous aurons aussi recours à de la dette bancaire, ou auprès d’institutions financières. En fonction de la dimension du projet nous adaptons la solution de financement.
Boursier.com : Quid d’un appel au marché ?
C.V. : Notre plan de développement présenté lors de l’introduction en Bourse ne nécessite pas de faire un nouvel appel au marché.
Boursier.com : Quelle est la taille critique que vous souhaitez atteindre ?
C.V. : Je pense que nous l’avons déjà atteinte, néanmoins notre amortissement des coûts fixes étant d’autant plus important que la surface cultivée est importante, nous nous fixons pour objectif les 100.000 hectares d’ici deux ans. Ensuite, nous aurons intérêt à nous développer sur une autre zone géographique.
Boursier.com : Laquelle ?
C.V. : Vraisemblablement l’Amérique latine. Ce qui nous permettra d’abaisser notre dépendance à un seul territoire. De diminuer les risques climatiques et géopolitiques et de combiner deux productions à contre cycle : une dans l’hémisphère nord et l’autre dans l’hémisphère sud. Pour ce qui est des cultures, en Amérique latine nous nous orienterons sans doute vers la culture du soja, du blé et du maïs.
Boursier.com : Comment s’annonce la prochaine récolte ?
C.V. : Les perspectives sont bonnes. Néanmoins nous ne maîtrisons ni l’évolution du cours des céréales, ni les risques climatiques. A ce jour, les cours restent bien orientés. La demande reste très importante et les stocks faibles. Pour ce qui est de la production, l’hiver s’est bien déroulé en Ukraine. Les cultures sortent dans de bonnes conditions. Elles n’ont pas été touchées par le froid. Les semis de printemps s’annoncent donc sous de bons auspices.
Boursier.com : Vous expliquez que la terre que vous cultivez réclame un long cycle avant d’atteindre des rendements importants. Les investisseurs comprennent-ils cela ?
C.V. : La terre, ce n’est pas une usine qui se remet en branle en quelques heures. Après avoir été délaissées suite à la fin de l’Union Soviétique, certaines terres de ce pays ont besoin d’un cycle de régénération. Cela peut prendre jusqu’à 4 ans suivant le nombre d’années où la terre a été laissée en jachère. Les investisseurs comprennent bien la nécessité de respecter ce cycle. Nous avons la chance d’avoir un actionnariat qui a très bien compris notre modèle de développement. Il s’agit d’investisseurs, qui pour la plus part, sont de long terme.