Boursier.com : Vous avez réalisé une nouvelle année de croissance en 2009 pour EDF EN, tant au niveau des capacités installées, du chiffre d’affaire que des résultats…
D.C. : Oui, 2009 a été une très belle année, nous avons installé plus de 530 MW dans l’éolien et nous avons désormais l’activité solaire qui prend une ampleur considérable… Nous nous étions engagés pour 100 à 150 MW en fonctionnement ou construction dans ce secteur à fin 2009, nous avons atteint 220 MW, l’objectif est donc largement dépassé ! Tout ceci se retrouve dans nos comptes, avec notamment un EBITDA de 334 ME, au-dessus de l’objectif de 280-300 ME que nous avions délivré.
Boursier.com : Vous confirmez donc vos objectifs 2012 ?
D.C. : Absolument ! Nous les avons adaptés, notre objectif en termes de capacités était de 4.000 MW toutes filières confondues… Nous le passons à 4.200 MW, après des petits ajustements aux Etats-Unis et nous confirmons à horizon 2012, 500 MW issus de l’énergie photovoltaïque. A plus court terme, c’est-à-dire pour l’exercice 2010, nous visons une fourchette de 430 à 450 ME pour l’EBITDA, ce qui veut dire que nous attendons une nouvelle année de croissance, tirée par les investissements dans l’éolien et dans le photovoltaïque…
Boursier.com : La crise économique a abouti à un recul inattendu de la demande d’énergie de façon générale et d’électricité en particulier, notamment aux Etats-Unis, remettant en cause l’idée d’un secteur devant répondre à une demande toujours plus forte. Cela a-t-il changé l’approche que vous avez de vos marchés et de la demande finale ?
D.C. : La crise a eu effectivement un impact conjoncturel sur la demande, mais l’éolien malgré tout, se développe de manière significative : près de 10.000 MW ont été installés dans l’éolien aux Etats-Unis, ce qui constitue un record absolu. La croissance est toujours là !… Les trois sources de croissance pour les énergies renouvelables sont toujours là : on a toujours besoin de plus en plus d’énergie. Deuxièmement, il faut mettre en place des énergies propres pour contrer le changement climatique et puis troisième aspect : ces énergies nouvelles créent de la croissance et des emplois durables, aux Etats-Unis comme ailleurs…
Boursier.com : Le solaire a pris beaucoup d’ampleur au sein d’EDF EN. Les investissements sont-ils les mêmes que pour l’éolien ?
D.C. : Lorsqu’on installe une centrale solaire, 1 MW coûte plus cher qu’1 MW dans l’éolien, mais, d’un autre côté, il rapporte plus, donc au final la rentabilité est équivalente… En 2006, nous avons fait le choix de nous positionner sur ce secteur, parce que les politiques publiques de soutien commençaient à se mettre en place en Allemagne, Espagne, Italie, puis France, mais aussi parce que le solaire photovoltaïque amenait des ruptures technologiques significatives qui annonçaient des baisses de coûts elles mêmes très significatives. Aujourd’hui, il faut que la France se positionne pour être un acteur industriel majeur dans le photovoltaïque : être capable de fabriquer des panneaux pour les installer en France et, pourquoi pas, pour les exporter, parce qu’il en faudra de plus en plus… Enormément en 2015/2020 et c’est aujourd’hui que les pays doivent agir !
Boursier.com : Justement, concernant le nouveau cadre tarifaire, le gouvernement a-t-il vu trop bas ?
D.C. : Il y a beaucoup de tarifs dans ce nouveau cadre tarifaire. 3 pour les toitures, 1 pour les sols qui est régionalisé. Il y a beaucoup de polémiques et de débats sur le tarif à 42 centimes qui est bas, très bas qui va nécessiter beaucoup de baisses de coûts et rendre certains projets impossibles… La difficulté pour la puissance publique est de mettre en place un cadre tarifaire suffisamment attractif pour que le marché crée des installations capables de lancer la filière industrielle, tout en n’étant pas trop incitatif, pour ne pas créer une bulle et donc un arrêt. C’est un exercice difficile pour le gouvernement ! Le tarif de 42 centimes est très bas mais on vivra avec ! La bonne nouvelle de ce nouveau cadre tarifaire concerne la régionalisation des tarifs au sol, ce qui va nous permettre d’installer du photovoltaïque sur une moitié sud de la France plus vaste. Cela permettra un déploiement plus significatif et plus harmonieux avec des volumes significatifs, donc le vrai lancement d’une industrie avec des emplois à la clef.