Boursier.com : Vous avez fait votre retour à la direction de la société le 24 avril dernier, et vous présentez un plan de continuation qui sera examiné par le Tribunal de Commerce le 3 juin prochain… Ce plan a t-il des chances d’être avalisé ?
D.C. : Oui, dans la mesure où il est solide et structuré. C’est notre solution qui préserve le plus les créanciers et les actionnaires minoritaires. Le maintien de la stratégie sur les grands Yachts est la seule voie possible pour espérer le succès.
Boursier.com : La crise économique est-elle en cause dans la crise qui a poussé la société à la cessation de paiement ?
D.C. : La crise qui a frappé l’économie mondiale n’a eu qu’un effet limité sur l’activité et n’a eu que des effets secondaires sur la société jusqu’en fin d’année 2008 étant donné la très bonne protection apportée par une clientèle de haut niveau. L’effort particulier de production des nouveaux modèles 37 mètres et 50 mètres qui ont perturbé la régularité de production en 2008 ne constituaient pas des problèmes suffisants pour mettre en péril la société. Et au dernier trimestre 2008, Couach prenait encore des commandes. Si les difficultés économiques mondiales rendaient la mise en place des financements clients plus difficile et plus longue, des solutions avaient été trouvées pour quasiment tous les clients.
Boursier.com : Les commandes se sont pourtant effondrées…
D.C. : La réelle perte de clientèle par résiliation des contrats de commande n’a commencé que dès que la nouvelle du retrait des banques et de suspension du cours de bourse ont été connus en janvier 2009. En aucun cas préalablement à cet état de fait la clientèle n’avait envisagé d’abandonner ses commandes. En douze ans d’activité, Couach n’avait quasiment jamais connu d’annulations de commandes.
Boursier.com : Quel est le niveau de commandes optimal nécessaire à la réussite du plan de continuation ?
D.C. : L’entreprise a aujourd’hui besoin de vendre 7 bateaux tous les 2 ans pour vivre. 3 de 37 mètres et 4 de 50 mètres. Le marché mondial étant de 600 unités, nous avons une grande confiance dans la capacité de Couach a attirer ce nombre de commandes, y compris en période de crise. Si nous n’avions pas confiance dans la demande, nous ne proposerions pas ce plan.
Boursier.com : Que pensez-vous des offres de reprise ?
D.C. : Les offres de reprise recèlent plus de problèmes que le plan de continuation, qui seul préserve les créanciers et les minoritaires. Les repreneurs potentiels connaissent moins bien le marché, les fournisseurs.
Boursier.com : Quel est le montant des fonds propres dont vous avez besoin pour votre plan de continuation ?
D.C. : Nous aurions besoin de 6,5 à 10 ME. Nous organisons une campagne rapide de placement auprès d’investisseurs qualifiés dont un certain nombre sont à l’étranger. Des actionnaires historiques de Couach sont aussi susceptibles de suivre l’opération.
Boursier.com : Des commandes pourraient faire entrer du cash avant le 3 juin, date à laquelle le Tribunal de Commerce examinera votre plan de continuation…
D.C. : Il y a cinq commandes en cours et les négociations sont très avancées pour deux d’entre elles. Elles pourraient aboutir avant la date du 3 juin, c’est possible et même nécessaire. Il s’agit d’un élément primordial pour le plan de continuation, dans la mesure où les acomptes perçus seront compris entre 2 et 5 ME.
Boursier.com : Le plan de continuation passe t-il par des suppressions d’emplois ?
D.C. : Il s’agira plus d’une réorganisation des effectifs que de suppressions d’emplois. La productivité de Couach a été catastrophiquement basse en 2008 et nous voulons transférer du personnel non productif vers la production, cela concerne environ 50 postes sur 310. Ce sera le travail d’Arnaud Marion, directeur du cabinet Trans Consult International, spécialisé dans la gestion de crises et restructurations. Aujourd’hui, le nombre de postes à supprimer n’est pas encore défini.