Entretien avec Jean-Luc Schnoebelen, Président du Directoire de Ginger

Boursier.com : Pourquoi avoir choisi la voie d’un rapprochement industriel avec le groupe Grontmij ?

J-L.S. : Il s’agissait d’abord d’une opportunité. Nous avions mis beaucoup d’espoirs dans la Caisse des Dépôts. Nous espérions que, dans son rôle de stratégie, elle essaierait de créer un vrai pôle d’ingénierie européen avec Egis… Finalement, le FSI a préféré miser sur une autre stratégie, en prenant des participations dans Club Méditerranée ou dans d’autres sociétés performantes. Au final, Ginger a pu développer des techniques très fortes pays par pays et de pouvoir les exporter en même temps que nous importons les techniques pointues d’autres sociétés.

Boursier.com : Est-ce nécessaire pour Ginger de se rapprocher d’un autre intervenant afin d’augmenter sa taille ?

J-L.S. : Nous aurions pu le faire seul, mais cela aurait été beaucoup plus long. Ce rapprochement est un véritable accélérateur. Nous pensons que les positions doivent être prises aujourd’hui. Et j’y crois moi-même, puisque j’ai réinvesti une partie de ce que j’ai touché pour être un des actionnaires de référence du nouveau groupe…

Boursier.com : Quel bilan tirez-vous de votre parcours en bourse ?

J-L.S. : Il témoigne du fait que nous sommes en accord avec nous mêmes ! Nous avions souhaité dès le départ ne pas diluer les minoritaires. Par ailleurs, nous ne voulions pas sortir de la bourse car sortir à 70 Millions aurait conduit à tromper les minoritaires et à profiter des accords de la bourse. Nous sommes donc fiers de notre parcours. Nous avons respecté nos engagements. Il y a cinq ans, nous avions espéré un chiffre d’affaires de 1 Milliard d’Euros en 2012. Nous y sommes arrivés. Nous voulions être un des leaders européens de l’ingénierie, c’est chose faite ! Enfin nous ne voulions léser personne.

Boursier.com : Le parcours du titre vous satisfait-il ?

J-L.S. : Effectivement, pour ce qui est du cours de bourse, nous n’avons pas rempli les objectifs fixés puisque les fonds n’ont pas cru en notre discours ou en notre méthode. Sur ce point nous avons plutôt été déçus.

Boursier.com : Vous venez de publier vos comptes 2009 qui marquent finalement une bonne année pour votre société…

J.L. S. : C’est exact. Notre chiffre d’affaires a globalement baissé de 4% mais on a augmenté notre taux de marge de 0,4% et de quasiment 23% notre résultat net. Dans une année 2009 que tout le monde décrivait comme étant très dure, je pense cette performance est plus que remarquable. Je ne pense pas que beaucoup de société ont réussi une telle performance l’an dernier.
Boursier.com :Justement comment expliquez vous cette performance ?

J.L. S. :Je crois que ce n’est pas un travail qui date de l’année dernière mais un travail de tous les jours, de changement de mentalité, de culture, de mise en place qui s’effectue depuis 3 ou 4 ans. Et on voit que les choses progressent au fur et à mesure. Depuis 10 ans nous n’avons jamais perdu d’argent. Au contraire nous avons progressé année en année, et on voit qu’au bout d’un moment la transparence paye.

Boursier.com : Au niveau du bilan vous êtes parvenus à bien réduire votre endettement.

J.L. S. : Tout à fait. On a un endettement net qui avoisine les 7 à 8 ME. On a absorbé tous nos achats et je rappelle que nous travaillons beaucoup avec le public et que dans notre dette nous sommes obligés d’utiliser ce qu’on appelle Oseo. Oseo qui est une avance sur une créance publique. Les normes IFRS font considérées que c’est une dette mais en aucun cas c’est le cas puisque le recouvrement est garanti par l’état.

Boursier.com : Vous disposez donc une flexibilité financière assez conséquente.

J.L. S. : Oui et nos équipes qui l’ont mérité, profitent de ces bons résultats. Pour l’instant, on observe une pause, on digère et on regardera s’il y a des opportunités demain.

Boursier.com : Au niveau des objectifs 2010 ?

J.L. S. : La sortie de crise n’est pas encore vraiment là. Nous visons la même performance qu’en 2009 à périmètre constant tant en terme de chiffre d’affaires que de résultats mais on ne se générera pas de faire mieux si on peut le faire. On a cherché à être un pole d’excellence technique, on continue à vouloir être se qui se fait de mieux en Europe, et on maintient cette volonté.