Boursier.com : Vous avez initié une offre publique de retrait le 2 juin dernier, elle court jusqu’au 22 juin. Quel est l’enjeu de cette offre pour Etam ?
L.M. : L’enjeu pour Etam est d’offrir une porte de sortie aux actionnaires, qui ne souhaitent plus nous accompagner à un moment charnière pour l’entreprise. Notre chiffre d’affaires est en effet aujourd’hui très contrasté : l’Europe souffre toujours et la Chine contribue positivement avec des progressions d’activité très importantes. Au total, l’activité a progressé de 5,5%, ce qui montre toute l’importance de la Chine. Au premier trimestre 2010, la tendance est la même.
Boursier.com : Cette opération qui consiste à annuler plus d’un quart du capital, peut-elle préfigurer un retrait de la cote à moyen terme ?
L.M. : Absolument pas ! A l’issue de l’opération, il restera encore plus de 30% de flottant, si 100% des titres sont apportés à l’offre.
Boursier.com : Quelles sont les intentions des familles Milchior et Tarica, qui détiennent le contrôle d’Etam ?
L.M. : Les deux familles qui agissent de concert depuis toujours, ne participent pas à l’opération et garderont le contrôle de la société à l’issue de l’offre.
Boursier.com : Cela fait 10 trimestres consécutifs de baisse pour le chiffre d’affaires en Europe, comment comptez-vous stopper cette tendance lourde ?
L.M. : Nous lançons d’importants chantiers, qui seront de longue haleine. Ils mettront du temps à produire leurs effets, c’est pour cette raison que nous proposons cette porte de sortie aux actionnaires ne souhaitant pas nous accompagner. Le prix de 35 Euros nous semble équitable, puisqu’il est supérieur de 19% au dernier cours avant l’annonce de l’offre et de 72% par rapport à la moyenne du cours sur 6 mois.
Boursier.com : Quelles sont concrètement les mesures que vous allez prendre en Europe ?
L.M. : Elles sont de deux ordres : tout d’abord un travail sur l’image des marques Etam et 1-2-3 avec le choix de deux égéries : Natalia Vodianova pour le prêt-à-porter d’Etam et Eva Herzigova pour 1-2-3. Une partie des magasins Etam seront rénovés en 2010, dans la foulée de ce travail d’image. Ensuite, le deuxième chantier concerne la » supply chain » et notamment sa réactivité. Aujourd’hui, pour réussir dans le prêt-à-porter, nous nous devons d’avoir une forte réactivité aux tendances de mode et apporter des nouveautés rapidement. Le constat est simple : aujourd’hui la mise sur le marché de nos produits de prêt-à-porter est trop longue.
Boursier.com : Comment allez-vous financer ces chantiers, alors que vous ne demandez pas d’argent aux actionnaires, mais au contraire leur en proposez..?
L.M. : Nous avons fortement désendetté le groupe en 2009, avec un gearing de seulement 25% au 31 décembre 2009. Ce qui nous donne la capacité de proposer cette offre aux actionnaires ne souhaitant pas nous accompagner sur le long terme, mais aussi d’investir de manière significative dans la rénovation des magasins et notre développement en Chine. Concrètement, nous allons investir 70 ME en 2010, contre 33,9 ME en 2009 et 50,2 ME en 2008.
Boursier.com : A quelle échéance espérez-vous les premiers résultats en Europe?
L.M. : C’est un travail de longue haleine sur trois ou quatre saisons : nous aurons les tout premiers résultats en 2011, mais une certaine maturité fin 2012, début 2013.