Boursier.com : Quel est votre scénario économique pour les Etats-Unis et l’Europe en 2010?
P. G. : Pour 2010, nous avons un scénario de reprise « molle » à la fois aux Etats-Unis et en Europe… Aux Etats-Unis, nous anticipons une croissance un peu plus rapide autour de 2% et de 1% pour l’Europe. Pour cette dernière, c’est l’Allemagne qui semble tirer la reprise d’activité grâce à ses exportations vers l’Asie où la croissance est forte…
Boursier.com : Les Etats doivent-ils maintenir leurs plans de relance ?
P. G. : Ils ne devraient pas mais ils sont obligés !… Ils sont obligés car la conjoncture est faible. Par exemple, la Chine et d’autres ont maintenu leurs plans de relance du fait des problèmes économiques au sein des pays du G7. Dès qu’on enlève les stimulis budgétaires, la consommation s’effondre et les pays développés retrouvent une croissance nulle ou négative. Ils ne devraient pas du fait des importants déficits budgétaires et de l’endettement élevé.
Boursier.com : Comment voyez vous évoluer la parité Euro-Dollar ?
P. G. : A la hausse pour l’Euro et à la baisse pour le Dollar… Il y a encore beaucoup de déséquilibres aux Etats-Unis avec une dette et un déficit courant importants. De plus, dès qu’il y a une reprise de la consommation, les importations se redressent. Il y a aussi clairement des craintes sur le refinancement de l’économie américaine. Dans cette situation, les corolaires sont soit l’Euro ou l’or qui réagissent par rapport à la défiance de la devise américaine…
Boursier.com : Dans ce contexte, l’inflation va-t-elle faire son retour ?
P. G. : C’est un risque puisqu’on a des politiques économiques, monétaires et budgétaires clairement re-flationiste. Le but de ses politiques est d’éviter une situation « à la japonaise ». Si la sortie crise est mal gérée, le risque est réel… Cela nous renvoie au mieux au milieu de l’année 2010, voire plutôt en 2011. Aujourd’hui, les risques inflationnistes ne sont pas présents en dehors de l’impact de la volatilité des prix de l’énergie. Dans les pays développés, le taux d’utilisation des capacités est faible et le taux de chômage va continuer à monter.
Boursier.com : Comment vont évoluer les taux directeurs des banques centrales aux Etats-Unis et dans la Zone Euro ?
P. G. : Les banques centrales vont couper au fur et à mesure les mesures non conventionnelles installées fin 2008 et début 2009 qui étaient vouées à relancer le système monétaire. Les hausses de taux d’intérêt ne devraient pas intervenir avant le second semestre 2010… De plus, nous n’avons jamais vu la FED remonter ses taux alors que le chômage grimpait. Si on a injecté beaucoup de liquidités, actuellement, elles se retrouvent au sein des banques. Et cette masse de liquidité n’est pas encore dans l’économie finale via l’accord de crédits.
Boursier.com : Les pays émergents vont-ils continuer de tirer la croissance mondiale ?
P. G. : C’est ce qu’ils font depuis 10 ans et ils vont continuer pendant les 10 prochaines années… La crise a été le parfait révélateur de la tendance sous-jacente. En 2010, la Chine et les pays émergents devraient fonctionner proche de leur croissance potentielle et même au dessus ! Les fondamentaux comme la population, la productivité, la ‘R&D’ et l’excès d’épargne vont perdurer… De plus, ces pays ont mis en place plans de relance budgétaire pour soutenir leur économie.
Boursier.com : Outre la Chine, le Brésil peut-il tirer son épingle du jeu ?
P. G. : Sur un plan économique, la situation est verte. Du point de vue boursier, il est proche de l’orange à cause de l’effet des jeux olympiques et de la coupe du monde de football. Les flux d’investissements se concentrent sur ce pays… A noter également que l’Amérique du Sud a été moins impactée par la crise américaine qu’à l’accoutumée car ces pays travaillent de plus en plus avec la Chine et les autres pays émergents…