Boursier.com : Concernant l’Industrie pétrolière et gazière, on observe une forte baisse des livraisons de tubes sur le quatrième trimestre, alors que le prix du baril est aux alentours de 80 dollars. La situation devrait donc être plus florissante, comment expliquez-vous ce fort déclin ?
P.C. : Ces effets sont saisonniers… La tendance de fond est à la hausse et on va le voir progressivement dans le courant de l’année 2010. C’est déjà très net sur le marché nord américain, qui est celui qui avait chuté le plus fortement en 2009. Sur le début 2010, on va voir remonter les volumes… Ces corrections sont donc dues en partie à des effets de sur-stockage en fin 2008 et début 2009 et en partie à la saisonnalité.
Bourrier.com : La demande de Vallourec est-elle très dépendante du cours du brut ?
P.C. : Non, elle dépend plus de la consommation énergétique finale ! L’an dernier en 2009, la consommation énergétique mondiale de produits pétroliers et gaziers a baissé de 1,5%. Ce n’est pas un recul très important, mais c’était la première fois quelle diminuait depuis la 2nde guerre mondiale ! Même si la diminution semble faible, elle entraîne une forte baisse des investissements d’exploration et d’exploitation. Ceux-ci ont reculé de 15%, mais on observe une remontée début 2010.
Boursier.com : En ce qui concerne l’énergie électrique, pourquoi vous montrez-vous prudent pour 2010 ?
P.C. : Nous faisons face à un ensemble de phénomènes qui ne vont pas tous dans le même sens… D’une façon générale, on observe une reprise des programmes nucléaires. Il y a quelques jours, le président Obama a ainsi relancé le nucléaire aux Etats-Unis. On attend prochainement les décisions en Allemagne sur la question et les chinois et les indiens ont aussi de très grands projets dans ce secteur… Nous sommes l’une des trois entreprises dans le monde capable de fournir les tubes pour les générateurs de vapeurs des centrales nucléaires. Nous n’intervenons pas sur le coeur nucléaire mais sur ce qui permet d’utiliser l’énergie dégagée par le noyau nucléaire et de la transformer en électricité.
Boursier.com : Et pour le charbon ?
P.C. : Pour ce qui est des centrales thermiques au charbon, le mouvement est plus ambigu… Il y a un effet « Copenhague » qui a retenu des projets d’investissement. Il y a une conscience que les centrales traditionnelles au charbon sont très polluantes, il faut passer à des centrales nouvelles générations qui sont celles que Vallourec alimente en tube technique. Mais les décisions sont difficiles à prendre car elles sont coûteuses… En matière de centrale électrique thermique, nous faisons face à un retard d’investissement.
Boursier.com : Avez-vous des domaines d’application dans les énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien ?
P.C. : Non, nous n’avons pas de produits à destination de ces industries.
Boursier.com : Quelle est la part des autres industries dans votre chiffre d’affaire et comment envisagez-vous la situation en ce début d’année ?
P.C. : Pour nous, les autres industries sont la construction pour certaines réalisations de prestiges et surtout l’industrie mécanique, c’est-à-dire les équipementiers allemands. La mécanique allemande va mieux… Le redressement est progressif mais la tendance remonte. Dans la construction, nos tubes servent à des applications spéciales en particuliers dans des grands stades ou des grands espaces publics avec des toits gigantesques. Dans ce secteur, nous avons un effet JO et coupe du monde de football qui nous aide en Afrique du Sud ou au Brésil. Ceci est très ponctuel mais nous sommes heureux de participer à de tels projets.
Boursier.com : La demande va s’améliorer et pourtant vos chiffres du premier semestre sont attendus en forte baisse, comment expliquez-vous cela ?
P.C. : Deux facteurs expliquent ce phénomène… L’effet prix d’une part et la baisse des commandes sur les centrales thermiques d’autre part. Je reviens sur ce deuxième point mais nous avons connu une grosse période d’activité en 2009, suite à des prises de décision de 2008. Au contraire, beaucoup de décisions de 2009 ont été suspendues ou reportées, ce qui va impacter à la baisse l’activité de 2010. L’effet prix quant à lui touche tous les secteurs… Nos prix étaient montés très haut en fin d’année 2008. Ils ont baissé en 2009 et donc nous attaquons l’année 2010 avec des prix bas et une base de comparaison très forte.
Boursier.com : La profitabilité se maintient dans le vert en cette fin d’année. Est-ce que cela signifie que vous avez une base de coût très souple ?
P.C. : Notre base de coût est plus souple rapporté à ce que certains attendaient… Nous sommes une industrie lourde, mais nous avons mis en place des mécanismes de flexibilité. Nous avons eu fait appel à des sous-traitants mais nous avons également eu recours à des temporaire. Enfin j’aimerais insister sur notre utilisation des comptes d’épargne temps. Nos collaborateurs avaient accumulé beaucoup de jours de congés lors des périodes de forte croissance en 2007 et 2008. Ils ont pu les utiliser en 2009… Aujourd’hui, nous avons recours comme tout le monde à des mesures de chômage partiel.