Boursier.com : Deinove tente de s’introduire sur Alternext. Le modèle de développement de la société repose sur les bactéries « déinocoques ». Pouvez-vous expliquez de quoi il s’agit ?
P.P. : Il s’agit de bactéries qui existent sur Terre depuis 3 Milliards d’années ! C’est une bactérie capable de ressusciter, oui (!), ressusciter, lorsque son ADN a été coupé en morceaux. Elle a acquis des capacités de résistance extraordinaires, notamment grâce à sa possibilité de se ressourcer en carbone ou en sucre… Cette bactérie peut donc être utilisée pour fabriquer du bioéthanol à partir de la biomasse, notamment non alimentaire.
Boursier.com : Pourquoi personne n’a jusqu’à présent jamais utilisé son potentiel ?
P.P. : C’est seulement en 2006 que Miroslav Radman, biologiste moléculaire de renom, et co-fondateur de Deinove, a découvert le mécanisme de réparation de l’ADN de cette bactérie. Avant son dépôt de brevet, personne n’avait imaginé ces applications industrielles possibles… Deinove dispose ainsi de plus de 3.000 bactéries dont certaines sont en développement industriel.
Boursier.com : Quel procédé industriel allez-vous mettre en place et quel marché visez-vous ?
P.P. : 75% de l’effort de la société est focalisé sur les biocarburants et notamment sur le bioéthanol pour permettre de raccourcir le nombre d’étapes, d’augmenter le rendement et d’utiliser une biomasse qui ne soit pas simplement du blé ou de la canne à sucre… Nous pensons aux déchets de la filière agricole mais également à la filière bois, cellulose, ce qui permettra de produire un bio carburant plus écologique et moins onéreux, tout en respectant les terres cultivables et en réduisant l’utilisation de la filière purement agricole.
Boursier.com : Certains experts et décideurs critiquent les biocarburants, notamment en raison du dilemme entre nourriture et carburant. N’y-a-t-il donc pas un risque de renoncement définitif des biocarburants?
P.P. : Ce risque est inexistant car les projections de croissance du marché du bioéthanol se situent aujourd’hui autour de 38 Milliards de Dollars ! Et au-delà du bioéthanol, de nouveaux biocarburants vont voir le jour dans les années à venir, notamment en utilisant les procédés de Deinove.
Boursier.com : Pourquoi la Bourse et quel montant souhaitez-vous lever ?
P.P. : Deinove est en phase de développement pré-industriel avec des procédés déjà bien avancés… Elle est fortement soutenue par Oséo et ses partenaires, elle a également un contrat industriel important avec Téréos, numéro 2 européen du sucre. Nous souhaitons ainsi lever une douzaine de Millions d’Euros en bourse par cette introduction à laquelle l’actionnaire Truffle Capital participe à hauteur de 2 Millions d’Euros. Ainsi, nous pourrons finaliser nos développements industriels et atteindre une profitabilité d’ici 3 à 4 ans. Par ailleurs, notre stratégie est de concéder des licences non exclusives à destination des partenaires qui évoluent dans le domaine des biocarburants, de la chimie verte… En étant cotée et solidement financée, la société Deinove pourra maximiser la qualité de ses partenariats.