Le suspense n’aura duré qu’une soirée. Assez cependant pour que les rumeurs se multiplient sur le sort du canadien Potash, après qu’il eut éconduit BHP Billiton et son offre à 38,6 Milliards de Dollars, jugée « extrêmement insuffisante ». Ce matin, le géant minier anglo-australien a choisi de transformer son approche informelle à 130 Dollars par action de l’entreprise basée dans l’Etat canadien du Saskatchewan en OPA hostile, même si le titre de Potash évolue depuis hier au-delà des 140 Dollars.
Depuis l’annonce de l’intérêt de BHP pour le numéro un mondial des engrais, les marchés avaient évoqué toutes les possibilités. Relèvement de l’offre, OPA hostile, voire bataille boursière avec l’arrivée de contre-offres des homologues de BHP, comme Vale ou Rio Tinto, les deux autres larrons du trio de colosses du secteur minier. Au vu de l’empressement du prédateur, on ne donne par cher de l’indépendance de Potash. Pourtant l’opération n’est pas sans risque pour le premier groupe minier mondial, malgré ses ressources pléthoriques. A 130 Dollars par action, soit une prime de 20% sur le cours de l’action avant l’annonce, le Crédit Suisse estime que la transaction n’apportera une contribution positive aux bénéfices par action qu’à l’issue de la 3ème année de consolidation, pour un niveau de l’ordre de 5%. Si le « raider » devait offrir 50% de prime, soit 163$ par action, l’acquisition n’apporterait que 1% au bénéfice par action, et seulement à compter de la 4ème année. Le courtier estime que pour compenser le coût de l’opération, BHP devra offrir un programme de rachat conséquent à ses actionnaires.
Le bureau d’études de la National Australia Bank estime que l’acquisition de Potash conférerait à BHP un actif leader mondial dans un domaine dont les cours seraient moins corrélés à ceux des marchés traditionnels du groupe minier. Le marché des nitrates, des phosphates et du potassium est en effet étroitement lié à celui des cours du grain.