Entre les pros et les antis cryptomonnaies, la question fait rage depuis de nombreuses années. Ce jeudi 14 janvier, le Fonds Monétaire International y allait aussi de son pavé dans la mare en demandant via son compte Twitter officiel, si les monnaies numériques pouvaient être considérées comme de véritables monnaies.
La cryptomonnaie est une monnaie à part entière pour 80 % des sondés
Le résultat final est très équivoque. Avec plus de 95 000 réponses, le oui l’emporte avec une très large majorité, à hauteur de 79,9 % des votes. Si la question peut en apparence paraitre simpliste voir simplificatrice, elle laisse quelques doutes sur la cible réelle de l’interrogation. Est ce que le FMI visait les projets cryptographiques comme le Bitcoin ou l’Ethereum ou bien encore Polkadot ? La question visait-elle les monnaies numériques des banques centrales (CBDC), sujet de préoccupations majeures en ce qui concerne la politique monétaire ? A moins que ce ne soit les deux.
Entre temps, le FMI a clarifié la situation. Un nouveau sondage publié dans la journée s’interroge sur le statut des monnaies numériques banque centrale . A cette question, près des deux tiers des répondants tranchent par la négative.
Qu’est ce que la monnaie ?
Le concept de la monnaie est clairement défini par Aristote par le respect de trois fonctions fondatrices. La monnaie doit être conjointement :
- Réserve de valeur.
- Unité de compte.
- Intermédiaire des échanges.
Si les rôles monétaires tendent à se dématerialiser, notamment en ce qui concerne le rôle d’intermédiaire des échanges, force est de constater que les trois rôles constitutifs de la monnaie sont encore aujourd’hui valables. Une dématérialisation qui est, rappelons le, un des piliers fondateurs de la volonté des institutions à développer une monnaie fiat numérique. Pour la zone euro, la question de l’émission d’un euro numérique est particulièrement présente depuis quelques mois.
Un principe clé explique le fonctionnement de la monnaie : il s’agit de la notion de confiance. Le principe de la réserve de valeur ne peut être viable qu’à condition que le public y accorde un certain degré de crédibilité. Pour vivre et perdurer, une monnaie a besoin d’une certaine stabilité. Il semble aujourd’hui assez inéluctable de considérer que les cryptomonnaies respectent ces principes fondateurs énoncés par Aristote. Même avec la volatilité et les fluctuations que nous connaissons.
Le problème de la régulation des cryptoactifs
Si les fonctions de la monnaie semblent respectées, les cryptomonnaies souffrent encore aujourd’hui de ne pas être reconnues comme tel par les pouvoirs publics et les institutions. Pour faire écho au sondage du FMI, un acteur et un investisseur du marché des cryptomonnaies, Gabor Gurbacs a lui aussi posé la question suivante. Est ce que les monnaies fiat peuvent être considérées comme de l’argent ? A cette question, volontairement provocatrice, près de 78 % des sondés ont tranché par la négative.
Si le sondage peut prêter à sourire, il invite néanmoins à la réflexion. En effet, les monnaies fiat n’ont plus le statut qu’elles pouvaient avoir il y a quelques décennies. Aujourd’hui, en plus de sa dématerialisation, l’argent reste très indépendant de valeurs matérielles tangibles. Depuis 1971, la monnaie n’est plus indexée sur l’or. La fonction de réserve de valeur de la monnaie fiat est donc intimement liée à la confiance accordée par les ménages.
Il semblerait que la réponse à “qu’est ce qu’une monnaie” tienne aujourd’hui plus au respect de son aspect régulé et centralisé qu’au respect des fonctions élémentaires de la dite monnaie. Une question pertinente pourrait être de s’interroger sur le lien qui unit le concept de monnaie avec celui d’état. Est ce que le grand public est aujourd’hui prêt à accorder la même confiance aux cryptomonnaies décentralisées que celle qu’il accorde aux monnaies fiat ? Cette épineuse question risque d’être posée régulièrement dans les années à venir.
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