
Un virage soudain qui brouille la trajectoire
Depuis plusieurs mois, la South African Reserve Bank donnait l’impression de suivre une feuille de route assez claire. Les tests progressaient petit à petit, les consultations continuaient leur course, et l’ensemble donnait l’impression qu’une première ébauche du CBDC n’était plus très loin. Rien ne laissait entrevoir un arrêt brutal.
Puis la décision tombe : le projet est mis en pause, sans nouvelle échéance. La SARB explique vouloir réexaminer l’impact potentiel du rand numérique sur la politique monétaire. Elle souhaite aussi mesurer les conséquences pour les banques commerciales, déjà fragilisées par plusieurs années d’incertitudes économiques.
Le changement de ton est net. On comprend rapidement que le régulateur préfère reprendre ses distances plutôt que de s’engager dans un déploiement qu’il juge encore trop flou.
Ce recul surprend d’autant plus que le pays avait été salué pour Project Khokha. L’Afrique du Sud donnait l’image d’un État prêt à expérimenter sérieusement la finance numérique. La suspension du projet laisse donc un sentiment d’inachevé, comme si l’élan s’était brisé en plein milieu de l’effort.
Une prudence nourrie par les doutes qui montent autour des CBDC
La SARB ne réagit pas isolément. Dans plusieurs pays, les projets de CBDC peinent à convaincre. Entre les inquiétudes sur la surveillance, les coûts d’infrastructure et un public parfois réticent, les banques centrales avancent avec beaucoup plus de prudence qu’il y a encore deux ans. Certains tests internationaux n’ont tout simplement pas trouvé leur public.
L’accès au numérique n’est pas le même pour tout le monde. Dans certaines zones, la connexion reste chère ou simplement difficile à obtenir. Si la banque centrale lançait un CBDC trop vite, elle risquerait d’accentuer le décalage qui existe déjà entre les grandes villes et les régions plus isolées.
La pause annoncée apparaît donc moins comme un recul que comme une manière de reprendre la main. La SARB ne ferme aucune porte : elle veut juste éviter de s’engager dans une voie qu’elle ne pourrait plus corriger ensuite. Le rand numérique reviendra probablement dans le débat, mais pas tant que plusieurs questions essentielles n’auront pas trouvé de réponses claires.
🚨BREAKING: 🇿🇦South Africa’s central bank says a retail CBDC is not needed now.
Instead of digital rand, bank will focus on wholesale crypto uses and improving cross-border payments. pic.twitter.com/jLLBJYQdY8
— A71N0_R4M4L (@atinoramal) November 28, 2025
Un espace inattendu pour l’écosystème crypto local
Ce report crée un effet secondaire que peu avaient anticipé. Il laisse plus de place aux cryptomonnaies déjà bien ancrées dans le pays. Bitcoin, les stablecoins et d’autres actifs numériques sont largement utilisés comme alternatives rapides. Sans pression concurrentielle d’un CBDC, ces usages restent pleinement dominants.
Certaines entreprises locales y voient même une opportunité. La réglementation crypto, déjà en cours de clarification, pourrait recevoir un nouveau coup d’accélérateur. Et si la banque centrale concentrait son énergie sur ce chantier plutôt que sur le CBDC, l’écosystème pourrait bénéficier d’une meilleure visibilité à court terme.
Un projet suspendu, mais loin d’être enterré
Le recul de la SARB ressemble davantage à une pause stratégique qu’à un abandon. Le pays veut éviter l’erreur structurelle, quitte à décevoir ceux qui attendaient un rand numérique imminent. Pendant ce temps, les cryptomonnaies continuent de progresser. L’avenir du CBDC sud-africain dépendra désormais de la capacité du pays à clarifier ses priorités numériques.
Sources : Cointelegraph
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