L’Australie s’apprête à durcir le cadre législatif et judiciaire de la lutte contre le blanchiment via les distributeurs de cryptomonnaies, priorité du ministre des Finances : il s’agira de conférer à l’agence nationale de renseignement financier, AUSTRAC, le pouvoir d’interdire ces dispositifs ou d’en restreindre l’accès aux risques jugés élevés.
Un renforcement inédit du contrôle des crypto-ATMs
Cette réforme a été annoncée par le ministre de l’Intérieur, Tony Burke, le jeudi 16 octobre 2025, dans un discours au National Press Club. Il a considéré que ces DAB permettent le passage du cash à la crypto, dont les flux est difficile à tracer.
À la suite des résultats de l’étude d’AUSTRAC, 85% des échanges des plus gros utilisateurs de crypto-ATM seraient des arnaques ou des activités de “money mules”, des opérations de transfert d’argent à travers des comptes d’inconnus à des fins criminelles. De plus, a titre de donnée complémentaire, 99% des opérations effectuent des dépôts en espèces, ce qui rend encore la difficulté de protéger le système du blanchiment.
Australia Bolsters AML Powers to Target Crypto ATMs
The Australian government has announced enhanced anti-money laundering powers for AUSTRAC, specifically targeting cryptocurrency automated teller machines (Crypto ATMs). This move stems from concerns over their use in illicit… pic.twitter.com/XhnMZbQP6o
— KeyNews (@KeyNewsEN) October 16, 2025
“Ces appareils constituent une brèche évidente dans la lutte contre le crime financier. Leur nature anonyme et leur facilité d’accès exigent une réponse ferme”, a déclaré Tony Burke.
En l’espace de six années de travail acharné, l’Australie est ainsi passée d’une petite vingtaine de distributeurs à 2 000 à l’heure actuelle, et s’installe dorénavant à la troisième place mondiale en matière de densité d’appareils. Ce développement fulgurant, qui ne manque cependant pas d’interroger de nombreux observateurs, et notamment les régulateurs.
AUSTRAC veut imposer de nouvelles limites
En vertu du texte législatif proposé, le directeur général d’AUSTRAC pourra poser des restrictions ou interdire les produits et services jugés à haut risque, crypto-ATMs inclus, qui contribueraient au blanchiment, à la fraude, au trafic de drogue ou à l’exploitation des mineurs.
En décembre 2024, AUSTRAC a constitué une équipe spécialisée dans les cryptomonnaies chargée d’assurer que les opérateurs respectent les exigences strictes en matière de Lutte anti-blanchiment (LAB). Par conséquent, ces mesures s’inscrivent dans un projet plus global du gouvernement australien de modernisation de ses instruments de surveillance financière.
Parallèlement, les établissements bancaires de l’Hexagone pourraient dans un avenir proche vérifier le statut de visa des titulaires de comptes, mesure destinée à rendre difficile le recours aux comptes “mules” des blanchisseurs d’argent.
Un mouvement mondial de régulation
Ainsi, il ne s’agit pas d’un cas isolé en Australie. En effet, la Nouvelle-Zélande envisage une interdiction totale des distributeurs de cryptomonnaies, tandis que l’État américain de l’Illinois applique déjà une loi exigeant l’enregistrement des opérateurs, la mise en place d’un service client accessible et un renforcement des protocoles anti-fraude.
De ce fait, la dynamique réglementaire semble désormais s’étendre à plusieurs juridictions.
En effet, de manière générale, ces initiatives s’inscrivent dans une dynamique internationale : les autorités entendent réglementer plus strictement des opérations en cryptomonnaies souvent jugées exposées aux activités illicites.
Pour autant, les acteurs de l’industrie expriment une forte préoccupation là où les décideurs politiques affichent une volonté première de protéger l’usager et de restaurer la confiance au sein de l’écosystème.
Sources : The Block
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