Les établissements bancaires d’Italie soutiennent le projet d’euro numérique piloté par la BCE et estiment qu’il constitue une étape décisive vers la souveraineté numérique du continent. En revanche, les banques italiennes appellent la BCE à tempérer les coûts de mise en place, leurs bilans affaiblis par une régulation de plus en plus contraignante et une transformation numérique coûteuse leur interdisant de supporter une pression supplémentaire, ouvrant ainsi sur une forme de dualité entre engagement communautaire et prudence budgétaire.
Un soutien affirmé à la souveraineté numérique européenne
L’Association bancaire italienne, l’ABI, déclare que la conception d’un euro numérique est parfaitement dans la notion de souveraineté numérique que l’Europe cherche à promouvoir face aux grands groupes technologiques. Cela s’aligne parfaitement avec une stratégie qui aspire à contrôler ses systèmes de paiement et à diminuer sa dépendance vis-à-vis des sociétés américaines et asiatiques.
🇮🇹 Les banques italiennes soutiennent l’euro numérique… mais demandent un paiement en plusieurs fois.
Selon Reuters, l’Association Bancaire Italienne (ABI) appuie le projet de la BCE de lancer un euro numérique d’ici 2029, tout en demandant à étaler les investissements lourds… pic.twitter.com/hxNDF65g4O
— Goku 🗞 (@Crypto__Goku) November 9, 2025
En effet, la démarche de la BCE progresse maintenant à une cadence plus tangible. Après deux années de phase préparatoire, le Conseil des gouverneurs de l’institution a validé fin octobre, à Florence, le passage à la prochaine étape du projet.
Dès l’année 2027, une phase pilote pourrait être mise à l’épreuve avant un éventuel déploiement à l’échelle prévue pour 2029, sous réserve que le cadre législatif européen puisse effectivement être approuvé en 2026. Au niveau de l’Italie, ce scénario requiert que le système monétaire européen est réussi à effectuer la mutation nécessaire, pourvu que cela soit accompli selon un processus parfaitement graduel et soutenable.
Une inquiétude financière bien réelle
Bien que l’enthousiasme soit là, les banques italiennes rappellent dans un communiqué publié par l’ABI que les investissements nécessaires à ce passage coûtent cher aux institutions financières, au regard des nouveaux matériels à acquérir, des adaptations technologiques à apporter aux systèmes, mais aussi des nouvelles réglementations à mettre en œuvre.
Marco Elio Rottigni, directeur général de l’association, a plaidé pour une approche dite « jumelle », combinant le futur euro numérique de la BCE à des monnaies numériques émises par les banques commerciales.
Selon lui, cette approche favoriserait l’innovation tout en assurant que le secteur privé garde une position clé dans l’écosystème monétaire de l’Europe.
De plus, derrière cette demande, s’affiche, mais plus largement, l’intention des établissements de participer au projet, sans pour autant mettre leurs équilibres économiques en péril : tout financement trop contraint dans le temps risquerait de venir rogner les efforts déjà largement réalisés par le secteur bancaire italien sur de nombreux fronts, allant de la cybersécurité à la mise à jour des services clients.
Une transition à concilier avec la stabilité bancaire
Le débat sur le financement du projet met en jeu la manière de concilier innovation monétaire et stabilité financière. Pour les banques italiennes, un déploiement progressif est l’unique option pour garantir la réussite du projet, l’ECB ayant conscience de ces nécessités pourrait, elle, ajuster son calendrier de mise en œuvre pour permettre une adoption concertée chez tous les acteurs.
Par conséquent, la relation de collaboration entre les régulateurs et les acteurs privés du secteur financier illustre la complexité d’un chantier d’ampleur historique. En effet, l’euro numérique, souvent qualifié de réponse européenne à la montée en puissance des cryptomonnaies et des stablecoins, doit pouvoir s’imposer tout en préservant l’intégrité de l’écosystème bancaire.
C’est tout le sens de cette phase préparatoire : construire les préceptes d’une monnaie numérique qui conjuguerait sécurité, souveraineté et pragmatisme économique.
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