La Banque centrale européenne (BCE) juge que les stablecoins présentent peu de risques dans la zone euro. Leur usage reste centré sur le trading crypto, tandis que moins de 1 % des particuliers s’y intéressent. L’institution assure qu’elle continuera à surveiller le secteur.
Lundi, la BCE a publié une première version de son rapport sur la stabilité financière, consacré au marché en pleine croissance des stablecoins. Pour rappel, un stablecoin désigne un actif numérique dont l’émetteur aligne la valeur sur une monnaie fiduciaire ou une matière première.
Rédigé par les experts en stabilité financière de la BCE Senne Aerts, Claudia Lambert et Elisa Reinhold, le rapport s’interroge sur les cas d’usage des stablecoins au-delà du trading de cryptomonnaies et souligne leur faible risque pour la stabilité financière dans la zone euro.
« Actuellement, les risques pour la stabilité financière liés aux stablecoins sont limités dans la zone euro, mais leur croissance rapide justifie une surveillance étroite, tandis que les risques liés à l’arbitrage réglementaire transfrontalier doivent être résolus », indique le rapport.
Le trading de cryptomonnaies reste un cas d’usage clé pour les stablecoins
« À l’heure actuelle, le trading de cryptomonnaies constitue de loin le cas d’usage le plus important pour les stablecoins », ont déclaré les auteurs, ajoutant que d’autres cas d’utilisation, tels que les paiements transfrontaliers, « ne jouent qu’un rôle mineur ».
Citant une étude réalisée en juillet par le Fonds monétaire international, le rapport admet qu’une grande partie des flux de stablecoins sont transfrontaliers, mais note l’absence de preuves que ces flux soient systématiquement liés aux transferts de fonds.
Le rapport souligne également l’utilisation limitée des stablecoins dans les transactions de détail, se référant aux estimations de Visa selon lesquelles seulement environ 0,5 % des volumes de stablecoins correspondent à des transferts organiques de taille modeste (moins de 250 dollars).
« Les utilisateurs recherchent surtout les stablecoins pour leur fonction au sein de l’écosystème crypto. Reste à déterminer s’ils trouveront leur place dans d’autres usages », ont conclu les experts de la BCE.
Les stablecoins en dollars sont moins connectés avec les marchés de l’euro
Les stablecoins n’étant pas largement utilisés pour les transactions impliquant des actifs réels, en particulier dans la zone euro, le marché des stablecoins ne présente pas de risques urgents pour la stabilité financière en Europe, indique le rapport.
Ainsi, bien que les stablecoins indexés sur le dollar américain, tels que l’USDt de Tether et l’USDC de Circle, dominent le marché avec une part impressionnante de 84 %, leurs interconnexions avec les marchés financiers de la zone euro sont limitées.
En effet, même si les cas d’utilisation des stablecoins augmentaient et les interconnexions se développent avec la zone euro, le cadre réglementaire de l’Union européenne en matière de cryptomonnaies, le Markets in Crypto-Assets Regulation (MiCA), atténuerait les risques potentiels :
« Afin d’atténuer les risques encourus par l’arbitrage réglementaire transfrontalier et de réduire les risques provenant de juridictions insuffisamment réglementées, il est essentiel que les cadres réglementaires soient davantage harmonisés au niveau mondial. »
Parmi les mesures spécifiques visant à limiter les risques liés aux stablecoins, les auteurs mentionnent l’interdiction par le MiCA de verser des intérêts sur les avoirs en stablecoins tant par les émetteurs de stablecoins que par les prestataires de services d’actifs crypto.
Les auteurs notent que les groupes bancaires dirigés par le Bank Policy Institute ont appelé à des interdictions similaires aux États-Unis. D’ailleurs, les régulateurs fédéraux devraient publier les règlements définitifs d’application de la loi GENIUS axée sur les stablecoins en 2026 ou 2027.
Stablecoins américains : une menace pour l’Europe ?
Le dernier rapport de la BCE met en évidence un changement notable dans le programme de l’UE en matière de stablecoins. Ainsi, les membres du comité exécutif, tels que Piero Cipollone, ont précédemment averti que les stablecoins américains constituaient une menace pour la souveraineté de l’Europe en matière de paiements, renforcent les arguments en faveur d’une monnaie numérique de banque centrale sous la forme d’un euro numérique.
La BCE visant à lancer un projet pilote d’euro numérique en 2027 et une première émission potentielle en 2029, l’institution progresse tout en continuant à surveiller et à traiter les risques liés aux stablecoins.
Sur le même sujet :
