Le mouvement surprend les puristes. Depuis quelques semaines, les plus gros détenteurs de Bitcoin déplacent leurs jetons vers des fonds cotés, comme celui de BlackRock. Une migration motivée, semble-t-il, par une raison très terre à terre : la fiscalité. Et derrière ce glissement, c’est peut-être tout l’esprit originel du Bitcoin qui vacille.
Les gros porteurs échangent la liberté contre la conformité
Après plus de dix ans à prôner la détention directe, les « whales » changent de camp. Des milliards de dollars de BTC quittent les portefeuilles personnels pour rejoindre des ETF encadrés par les autorités financières. D’après Martin Hiesboeck, chercheur chez Uphold, c’est la première baisse notable de la self-custody depuis la création du Bitcoin.
Ce choix s’explique par un mélange de confort et de prudence. Les ETF simplifient tout : plus besoin de gérer ses clés privées, de penser à la sécurité ou aux erreurs irréversibles. Plutôt que de s’en occuper eux-mêmes, ils laissent ce rôle à des professionnels encadrés par les autorités. Et surtout, ces produits apportent un atout que les wallets n’offrent pas : un traitement fiscal bien plus avantageux.
Mais ce virage n’a rien d’anodin. Pour Hiesboeck, il s’agit d’un « nouveau coup porté à l’idéal fondateur du Bitcoin », celui d’un système monétaire sans intermédiaires. L’institutionnalisation du secteur se poursuit lentement mais sûrement.
BlackRock attire les baleines avec son ETF
Le grand gagnant de cette mutation, c’est BlackRock. Son iShares Bitcoin Trust attire à lui seul plusieurs milliards de dollars de BTC. Robbie Mitchnick, responsable des actifs numériques du groupe, confirme que plus de 3 milliards de dollars ont déjà été déposés par des investisseurs fortunés.
Pour ces gros porteurs, il ne s’agit pas seulement de sécurité, mais aussi de cohérence. Les ETF permettent de regrouper tous les placements comme les actions, obligations ou cryptomonnaies avec les mêmes règles de gestion. Fini les manipulations techniques ou les transferts entre plateformes.
En parallèle, le cadre réglementaire américain s’est nettement assoupli depuis l’autorisation des ETF Bitcoin au comptant. Le marché entre dans une nouvelle phase : plus structurée, plus professionnelle et surtout plus attentive à la fiscalité.
Les ETF, nouvel eldorado fiscal ?
Ce basculement s’explique par une évolution passée presque inaperçue : la règle des échanges “in-kind”. Grâce à cette mesure, les investisseurs peuvent désormais échanger du Bitcoin contre des parts d’ETF, et inversement, sans déclencher d’imposition.
Autrement dit, ces opérations ne sont plus considérées comme des ventes. Pas de plus-value, pas d’impôt immédiat. C’est un changement majeur : les gains ne sont imposés que lorsque les parts de l’ETF sont réellement vendues.
Pour les détenteurs de long terme, c’est un avantage considérable. Moins de frottements fiscaux, plus de flexibilité. En clair, les ETF deviennent une porte d’entrée vers une gestion plus fluide et fiscalement intelligente du Bitcoin.
Il n’est donc pas étonnant que les baleines s’y intéressent : il est souvent plus rentable de déléguer sa garde que de perdre une partie de ses gains à chaque transaction.
Un tournant pour l’écosystème
Bitcoin a toujours été un symbole de liberté individuelle. Pourtant, le voici désormais adopté par les institutions qu’il voulait contourner. La self-custody perd du terrain face à la logique fiscale et réglementaire. Certains y voient une trahison, d’autres simplement une maturité nouvelle du marché.
Une chose est sûre : Bitcoin tourne une page. Moins rebelle qu’à ses débuts, plus ancré dans le système, il reste pourtant irrésistible pour les investisseurs.
Sources : Cointelegraph
Sur le même sujet :