Mastodonte de la gestion d’actifs, BlackRock a franchi un cap qui ne passe pas inaperçu. Avec son ETF iShares Bitcoin Trust (IBIT), le groupe détient désormais plus de 3 % de l’offre totale de Bitcoin. Une position évaluée à plus de 72 milliards de dollars. Jusqu’où Wall Street va-t-il peser dans un écosystème censé rester décentralisé ?
BlackRock, un nouveau roi du Bitcoin
Depuis janvier 2024, l’ETF IBIT attire des flux colossaux. En dix-huit mois à peine, il a accumulé plus de 662 000 BTC, devenant le plus gros détenteur institutionnel.
Pour de nombreux investisseurs, c’est une bascule. Longtemps considéré comme un actif « anti-système », le Bitcoin est désormais plébiscité comme valeur refuge, au même titre que l’or.
Pourquoi un tel succès ? La réponse tient en deux points. D’abord, le nom BlackRock est synonyme de sécurité et de crédibilité auprès de clients institutionnels qui n’auraient jamais franchi seuls le pas.
Ensuite, on évoque un contexte économique tendu. L’inflation persiste, le dollar perd de sa superbe. Dans ce contexte, le Bitcoin retrouve une place de choix, perçu comme une échappatoire crédible. BlackRock, de son côté, a su surfer sur cette vague avec une efficacité redoutable.
Une concentration qui fait débat
Pour certains, cette adoption massive est un signe de maturité et de confiance retrouvée. Pour d’autres, elle soulève des inquiétudes plus profondes, en particulier sur l’avenir de la décentralisation.
Des analystes s’alarment. Que se passerait-il si BlackRock décidait de réduire brutalement son exposition sous la pression d’un régulateur ou par choix stratégique ? Le marché subirait probablement un choc violent.
À l’inverse, si BlackRock continue d’accumuler, le spectre d’une centralisation se renforce. Le Bitcoin ne tournerait plus autour des mineurs ou des développeurs, mais autour d’un géant de Wall Street.
L’histoire récente offre un parallèle intéressant. Avec son GBTC, Grayscale a longtemps pesé lourd sur le marché. Ses choix ont provoqué à la fois des périodes de soutien et des secousses inattendues. BlackRock pourrait bien jouer ce rôle à une échelle encore plus grande.
IBIT domine déjà ses concurrents
L’autre donnée marquante, c’est la part de marché d’IBIT. Plus de la moitié des capitaux investis dans les ETF Bitcoin aux États-Unis se retrouvent dans ses caisses. Fidelity ou Grayscale sont loin derrière. Cette domination confère à BlackRock une influence que personne d’autre ne possède actuellement.
Pour les investisseurs, le constat est ambivalent. D’un côté, la présence d’un acteur solide inspire confiance. De l’autre, la dépendance croissante vis-à-vis d’un seul gestionnaire peut devenir un risque en soi. Les marchés, ultra-réactifs, scrutent désormais les moindres mouvements de l’ETF IBIT comme un indicateur avancé du prix du Bitcoin.
Un symbole fort vient s’ajouter. Les réserves de BlackRock dépassent déjà certains des portefeuilles historiques associés au mystérieux Satoshi Nakamoto. La comparaison n’a rien d’anodin. Elle illustre à quel point le projet de départ, fondé sur la décentralisation et l’indépendance, se heurte aujourd’hui à la réalité de la finance institutionnelle.
Conclusion – BlackRock, nouveau maître du jeu sur le marché du BTC ?
Avec plus de 3 % du Bitcoin en circulation sous son contrôle, BlackRock est devenu incontournable. L’exploit souligne l’intégration définitive de la crypto dans le monde financier. Mais il ouvre aussi un débat. Le Bitcoin peut-il rester fidèle à son idéal de décentralisation alors qu’un seul acteur de Wall Street en concentre une telle part ? L’avenir de l’écosystème dépendra sans doute de cette réponse.
Sources : Cointelegraph
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