
Londres remet la coopération transatlantique au centre du jeu. Sarah Breeden appelle en effet à un alignement UK–US visant à éviter des règles divergentes sur les stablecoins, dans un contexte où la BoE s’apprête à lancer sa consultation.
L’objectif affiché : fluidifier les paiementssans pour autant sacrifier la stabilité financière. En effet, la BoE envisage un cadre ciblant les stablecoins « systémiques », tandis que la FCA superviserait les autres émetteurs, avec des exigences proportionnées.
Pourquoi l’alignement UK–US maintenant ?
Du côté britannique, la consultation arrive très bientôt, et devrait aider à préciser la garde des réserves, l’accès au RTGS et les filets de sécurité pour les émetteurs systémiques. Par ailleurs, la BoE souhaite calibrer des limites d’usage, qui pourraient cependant évoluer avec les risques.
De l’autre côté de l’Atlantique, un cadre fédéral existe désormais, qui met la pression pour une convergence sur la transparence des réserves et la supervision. Dès lors, on comprend qu’une coordination des standards peut réduire l’arbitrage réglementaire et faciliter l’interopérabilité des rails.
De plus, cette coopération dépasse les banques centrales. En effet, Londres et Washington ont lancé en septembre une Task Force « Markets of the Future » dédiée aux actifs numériques et marchés. Cependant, l’industrie attend encore des livrables concrets sur les paiements.
BoE will only lift planned stablecoin cap when confident no threat https://t.co/HLns4sxCTu pic.twitter.com/Jjmwqfmcdp
— Reuters UK (@ReutersUK) October 15, 2025
Quels impacts pour émetteurs et paiements ?
Pour les émetteurs systémiques en livres, la BoE prévoit des dépôts à la banque centrale et des placements partiels en T-Bills, assortis d’un filet de liquidité. En effet, l’objectif est d’assurer l’unicité de la monnaie (singleness of money) et des rachats robustes.
Quant aux autres stablecoins, la FCA pourrait en assurer une surveillance proportionnée, notamment en termes de garde séparée, d’audit et d’exigences de liquidité. Un partage BoE/FCA qui permettrait de limiter les risques de fuite de dépôts bancaires vers des jetons monétaires.
De plus, les volumes pèsent dans l’arbitrage. En effet, un alignement transatlantique sur les pratiques de réserve devient crucial dans ce contexte, au vu du classement des stablecoins par capitalisation, actuellement ultra-dominé par USDT et USDC. Une intervention de ce côté pourrait fortement impacter les coûts et délais de paiement.
Enfin, à plus court terme, ce sont les acteurs marchands qui peuvent y gagner, surtout si le cadre à venir autorise des intégrations directes dans les caisses et wallets. À ce titre, il peut être utile de relire notre analyse précédente sur le cadre crypto commun UK–US qui éclaire les bénéfices d’une normalisation graduée.
Ce qui reste à arbitrer
D’une part, les plafonds d’usage font débat. La BoE conditionne la levée des limites à l’absence de toute menace systémique, mais l’industrie réclame des seuils plus élevés et des vérifications plus rapides. Mais pour le moment, l’approche graduelle reste la ligne officielle.
Le tempo politique comptera aussi, évidemment : les agendas U.S. et britannique doivent converger pour éviter toute friction de conformité. Last but not least, l’enjeu reste d’éviter une situation à deux standards de paiement tokenisé, une situation qui coûterait surtout à l’utilisateur final.
Sources
- Reuters
- Bank of England — « Not just token gestures » (discours de Sarah Breeden)
- Bank of England — « Building trust and supporting innovation in the multi-moneyverse »