Le gouvernement brésilien s’apprête à mettre en place un nouveau dispositif fiscal pour les opérations de cryptomonnaies utilisées pour les paiements internationaux. Les administrations visent à colmater un trou qui permet les importations acquittées avec des cryptos, privant chaque année l’État de plusieurs milliards de dollars.
Brasilia veut élargir l’IOF pour intégrer les paiements transfrontaliers en crypto
Le ministère des Finances réfléchit à l’extension de l’IOF, la taxe sur les opérations financières, à certains transferts en actifs numériques. Cette réflexion s’appuie sur la décision récente de la banque centrale, qui classe, désormais, depuis quelques semaines, les achats, ventes, échanges et envois internationaux de stablecoins comme opérations de change.
INTEL: Brazil is considering taxing cross-border crypto payments, including stablecoins, as the finance ministry evaluates extending the financial transaction tax (FTT) to virtual assets
— Solid Intel 📡 (@solidintel_x) November 18, 2025
Les discussions avancent, car plusieurs responsables observent une fuite massive de recettes publiques. Des estimations circulent déjà : plus de 30 milliards de dollars échappent chaque année aux douanes à cause d’importations réglées via des cryptomonnaies. Les paiements en stablecoins permettent en effet à certains acteurs d’ignorer une partie des procédures traditionnelles, ce qui fragilise la politique fiscale du pays.
Dans les coulisses, les autorités cherchent maintenant un mécanisme simple pour intégrer ces flux dans le périmètre de l’IOF. La banque centrale ouvre la voie, mais seule l’administration fiscale peut déclencher une obligation de paiement. Le dossier avance donc pas à pas, car le gouvernement veut éviter un choc réglementaire trop brutal pour le marché local.
Les autorités renforcent leur surveillance face aux flux en stablecoins
Cette semaine, le service des impôts a élargi ses obligations déclaratives aux prestataires étrangers actifs au Brésil. Cette mesure offre une vision plus nette des transferts transfrontaliers en actifs numériques, surtout lorsqu’ils passent par des plateformes situées à l’étranger. Les enquêteurs scrutent ces mouvements, car les volumes augmentent et les méthodes évoluent rapidement.
Un responsable de la Police fédérale évoque aussi des pratiques qui contournent les droits de douane. Selon lui, certains importateurs utilisent l’USDT pour réduire les coûts et évitent une partie des formalités habituelles. Il décrit ces stratégies comme un choix risqué, car l’IOF ne constitue qu’un détail face aux sanctions qui accompagnent ce type de fraude.
Une communauté crypto inquiète face à une future taxe
Le gouvernement cherche en parallèle de nouvelles sources de revenus, car ses objectifs budgétaires restent difficiles à atteindre. Les autorités observent les transferts en crypto et réfléchissent à une mesure fiscale capable d’encadrer ces flux.
Une taxation appliquée aux paiements internationaux pourrait ainsi devenir un outil politique pour limiter les pertes fiscales. La communauté Web3 exprime toutefois une inquiétude croissante. Plusieurs acteurs redoutent un taux uniforme de 17,5 %, un niveau qui découragerait une grande partie des investisseurs locaux.
Pour certains acteurs, un déplacement des capitaux vers des pays plus flexibles s’annonce. Cela pourrait ralentir l’innovation au Brésil dans un marché très porteur.
Les stablecoins y renforcent leurs positions puisque l’USDT représentait près des deux tiers du volume total courant du premier semestre 2025, contre environ 11 % pour le Bitcoin. Les utilisateurs préfèrent ces actifs pour la rapidité des transferts, leur simplicité d’utilisation et la stabilité face aux soubresauts du réal.
Source : Reuters
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