La Corée du Sud envisage de sanctionner la Corée du Nord pour ses cyber-braquages de cryptomonnaies. De quels leviers dispose-t-elle, avec quels risques diplomatiques et au prix de quelles retombées sur l’écosystème ? Décryptage d’un dossier où collaboration avec les États-Unis, sécurité nationale et crypto s’entremêlent.
Pourquoi Séoul change de ton
Un haut responsable sud-coréen a indiqué que Séoul pourrait évaluer des sanctions s’il s’avérait que les vols de crypto financent les programmes d’armement nord-coréens. Et d’ailleurs, cette perspective de sanctions s’inscrirait dans le cadre d’une coopération avec Washington.
Ce virage empreint de fermeté s’inscrit dans un contexte de cyber-pillages record attribués à Lazarus et affiliés. De plus, on rappelle que des vols historiques comme le hack de Bybit ont élevé le niveau de priorité de la menace.
Cadrage chiffré et dynamique des sanctions
Du côté américain, le Trésor rappelle que ce sont au moins 3 Md$ d’actifs numériques qui ont été dérobés en trois ans par les réseaux nord-coréens. Ainsi, l’OFAC cible désormais banquiers, sociétés écrans et circuits de blanchiment.
Séoul étudie donc de près ces mesures, alors que de son côté, Pyongyang riposte par la rhétorique et l’intimidation. Et pour aller plus loin, rappelons que l’effet cumulatif des sanctions vise à assécher durablement les flux alimentant les programmes d’armement nord-coréens.
Seoul open to reviewing sanctions on N. Korea over cryptocurrency theft if needed: official https://t.co/112PgVc84V
— Yonhap News Agency (@YonhapNews) November 6, 2025
En parallèle, des rapports indépendants soulignent que pour l’année 2025 les records de vols liés à la Corée du Nord ont déjà été battus. En effet, il faut bien l’admettre, la fréquence et l’ampleur des attaques confirment une industrialisation de la cyber-prédation.
Dans ce cadre de conflictualité grandissante, l’option sud-coréenne consisterait à viser les relais opérationnels et financiers : faux travailleurs IT, mixeurs, OTC gris et enfin “mules” bancaires. Bien évidemment, l’effet dissuasif obtenu dépendra de l’alignement avec les alliés de la Corée du Sud.
Quelles conséquences pour l’écosystème crypto ?
D’un point de vue marché, rappelons que les flux suspects se déplacent en général lorsque les portes se ferment. Mais l’identification rapide des adresses impliquées rend le recyclage des fonds plus coûteux et plus risqué.
Du côté des acteurs, il est évident que les plateformes devront renforcer leur KYC/AML et le screening des travailleurs à distance, qui constituent souvent la première brèche. Car en effet, l’hygiène RH compte autant que la cybersécurité.
À plus court terme, l’annonce d’un recadrage sud-coréen pourrait bel et bien peser sur certains volumes, le temps d’adapter les contrôles mis en place. À l’inverse, une coopération dense entre acteurs internationaux pourrait rassurer les institutionnels. Last but not least, pour suivre les mesures en temps réel, rappelons que les communiqués de l’OFAC listent les nouvelles désignations, y compris des adresses crypto.
