Changpeng Zhao, également connu sous le nom de CZ, se prépare à ouvrir un nouveau chapitre dans sa carrière. Suite à son éviction de Binance et une incarcération aux États-Unis, l’ex-dirigeant de la plateforme d’échange de cryptomonnaies la plus importante à l’échelle mondiale mise maintenant tout sur YZi Labs, son outil d’investissement qui possède déjà 10 milliards de dollars.
Le concept : ouvrir ce géant à des investisseurs extérieurs dans le but de le transformer en un fonds d’échelle mondiale, axé sur la cryptomonnaie, mais aussi sur l’intelligence artificielle, la robotique et la biotechnologie.
Un empire prêt à s’ouvrir
YZi Labs est né en 2024 d’une séparation stratégique avec Binance. Jusqu’ici, le fonds restait une affaire privée, réservé à CZ et à un cercle restreint d’alliés. Mais l’heure du changement approche. Selon plusieurs proches, le portefeuille pourrait bientôt s’ouvrir aux institutionnels américains et asiatiques, désireux de diversifier leurs expositions.
Ce virage a une logique : alors que les grands fonds de la Silicon Valley se repositionnent sur l’IA et que les biotechs attirent à nouveau les capitaux, YZi veut jouer un rôle de passerelle entre la crypto et les industries du futur.
L’après-Binance, entre réinvention et continuité
CZ n’a pas totalement coupé les ponts avec son passé. Il demeure actionnaire de Binance et maintient une influence notable dans l’écosystème, bien que sa sanction pour des violations des règles anti-blanchiment en 2023 l’ait obligé à se retirer. Après quatre mois d’incarcération, il cherche maintenant à obtenir une grâce présidentielle de Donald Trump.
En attendant, il s’active via YZi Labs. La société est dirigée par Ella Zhang, ex-responsable de Binance Labs, qui a déjà piloté plusieurs opérations spectaculaires : un rachat d’un milliard de dollars mené par d’anciens cadres de Bitmain ou encore la conversion inattendue d’un fabricant coté de cigarettes électroniques en trésorerie BNB.
Un climat politique qui change la donne
Le contexte américain favorise ce repositionnement. Sous le gouvernement de Biden, de nombreux entrepreneurs crypto avaient fui la Silicon Valley, découragés par la pression réglementaire. Avec le retour de Trump, le ton s’est adouci. Même la SEC a récemment sollicité une présentation privée des projets soutenus par YZi, signe d’un climat plus accueillant.
« Les fondateurs reviennent à San Francisco, ils sentent que les États-Unis veulent redevenir la capitale mondiale de la crypto », explique Ella Zhang.
Cette dynamique pourrait accélérer l’ouverture du fonds, même si cela suppose d’accepter un contrôle accru des régulateurs.
Le défi de déployer 10 milliards
Disposer de 10 milliards sous gestion est une force, mais aussi un casse-tête. Les opportunités capables d’absorber des tickets de cette taille ne courent pas les rues.
Rien qu’à l’été dernier, plus de cinquante équipes de start-up ont présenté leurs projets, espérant capter une partie de cette manne.
Aujourd’hui, environ 70 % des avoirs de YZi restent concentrés sur la crypto. Mais la diversification s’accélère : l’IA, la robotique et la biotech montent en puissance.
Pour CZ, la vision est limpide :
« Demain, les robots exécuteront les tâches, et leurs transactions passeront par des wallets crypto. »
Une stratégie longue durée
Contrairement aux hedge funds classiques, YZi Labs ne cherche pas à multiplier les paris à court terme. Sa stratégie revendiquée est celle du « super long-term », orientée sur plusieurs décennies. L’ouverture aux investisseurs externes ne changera pas cette philosophie : l’objectif est de bâtir un fonds de référence pour la crypto-économie et les technologies émergentes sur vingt ans.
Avec 10 milliards déjà sur la table et un intérêt marqué des institutionnels, CZ n’a plus qu’à fixer le calendrier. Pour l’ancien roi de Binance, ce pourrait bien être le début d’un nouvel empire, construit cette fois-ci à l’intersection de la finance numérique et des sciences de rupture.