Entretien avec Alexandre De Rochefort, Directeur Financier de Gameloft

Boursier.com : Comment expliquez-vous l’accélération des facturations sur le quatrième trimestre ?

A.R. : Nous avons effectivement enregistré une progression de 25% tirée par la croissance des pays émergents. Cela s’explique également par l’émergence de nos ventes sur les smartphones. Nous avons véritablement une multiplication des supports sur lesquels nos jeux peuvent se vendre.

Boursier.com : Etes-vous optimistes pour l’année à venir ?

A.R. : Sans donner de précisions par manque de visibilité, nous avons rarement eu autant de relais de croissance se mettant en place (tablettes, télévision, décodeur internet, les jeux sociaux sur PC…). Dans le même tems, notre marché initial, celui des mobiles, continue de se développer très rapidement.

Boursier.com : La diversité des plateformes amène-t-elle de la diversité parmi les joueurs ?

A.R. : A l’origine, Gameloft a été créé pour offrir des jeux à une population très large. Déjà début 2000, nous vendions nos jeux à une population très variée. Le phénomène se poursuit mais il n’est donc pas nouveau pour nous…

Boursier.com : Pouvez-vous détailler l’objet du partenariat que vous avez mis en place avec Free pour la nouvelle  » box  » ?

A.R. : Il s’agit d’une nouvelle génération de  » box « , qui intègre des processeurs suffisamment puissants pour faire fonctionner des jeux de qualité semblables à ceux de la Wii. Comme nous sommes le spécialiste du jeu téléchargeable, nous avons voulu profiter de ce nouveau marché et nous nous sommes rapprocher de Free. Pour leur box Révolution nous avons donc développé une demi-douzaine de jeux. Nous sommes par ailleurs en discussions avec d’autres fournisseurs d’accès à Internet qui sont sur le point de lancer une nouvelle « box » de ce type.

Boursier.com : Quel niveau de marge opérationnelle comptez-vous atteindre à moyen terme ?

A.R. : Sur 2010, le marché table sur une marge opérationnelle comprise entre 10% et 12% avant stock option. Ce consensus nous paraît atteignable. A plus long terme, notre objectif reste le même : avoir des marges supérieures à 15%.

Boursier.com : Pouvez-vous commenter l’accord passé entre Free et Gameloft ?

A.F. : Sur le long terme, cet accord ouvre de nouvelles perspectives… Il nous permettra notamment de vendre des jeux sur télévision avec la nouvelle génération de box. Cela représente donc un relais de croissance intéressant pour notre société.

Boursier.com : Concernant l’évolution de l’activité, le quatrième trimestre s’avère-t-il dynamique ?

A.F. : Nous sommes très satisfaits à la vue des résultats du mois d’octobre et de novembre. Nous allons également bénéficier de l’impact positif des ventes de fin d’année…

Boursier.com : Y-a-t-il de nouveaux intervenants agressifs sur votre créneau ?

A.F. : Pas vraiment, nous sommes plutôt dans une phase de consolidation du marché. De nombreux intervenants ont disparu avec le resserrement du crédit et les difficultés de trouver des financements. En outre, la crise débutée en 2007 nous a été favorable… Notre concurrent principal demeure l’américain Electronic Arts.

Boursier.com : Comment évolue vos parts de marchés respectives ?

A.F. : Au troisième trimestre, nous avions à peu près le même niveau de chiffre d’affaires, à savoir 50 millions de dollars, celui de Gameloft étant en hausse de 15%, alors que celui d’ElectronicArt était en repli de 4%. Il faut toutefois noter que pour compenser ce manque de dynamisme, Electronic Arts a procédé à des acquisitions externes.

Boursier.com : A terme, qu’attendez-vous de la marge opérationnelle de Gameloft ?

A.F. : Nous étions à 3% de marge opérationnelle en 2008 puis à presque 9% en 2009. Nous souhaitons poursuivre cette évolution. Le consensus pour 2010 se situe entre 10 et 12%, ce qui nous semble atteignable cette année…

Boursier.com : La séparation totale entre Gameloft et Ubisoft est-elle possible ?

A.F. : Aujourd’hui les deux sociétés sont complètement séparées d’un point de vue opérationnel, mais également d’un point de vue capitalistique puisque Ubisoft ne détient plus d’actions directes chez Gameloft. Le seul véritable lien qui nous uni est un accord passé au moment de notre création… Notre force de frappe étant importante sur le mobile, il était indispensable que nous ayons accès aux marques Ubisoft pour les développer sur les téléphones portables. Aujourd’hui, les marques Ubisoft représentent ainsi 12% de notre chiffre d’affaires, mais ces jeux sont entièrement développés par Gameloft.