Boursier.com : Chiffre d’affaires et résultats affichent une bonne résistance en 2009. Peut-on dire que Vivendi fait parti des acteurs qui ont le mieux résisté à la crise ?
J-B.L. : Vivendi traverse bien la crise parce que le groupe s’est appuyé depuis de nombreuses années sur un modèle fondé sur l’abonnement. 70% de notre chiffre d’affaires est constitué par les revenus récurrents de nos abonnés. Les bons résultats que nous avons publiés résultent de nos succès auprès des abonnés, en particulier chez SFR, Canal+ ou Activision Blizzard.
Boursier.com : L’activité de SFR s’est bien tenue en 2009…
J-B.L. : SFR a connu une très bonne année 2009. Pour la première fois, nous sommes numéro 1 des ventes nettes sur la téléphonie mobile et sur les abonnés Internet haut débit. Cela démontre que SFR a bien digéré l’acquisition de Neuf Cegetel il y a maintenant deux ans. C’est aussi le succès de toutes les équipes qui oeuvrent dans nos 800 points de vente.
Boursier.com : L’arrivée d’un quatrième intervenant sur le marché de la téléphonie mobile va-t-elle impliquer une nouvelle stratégie pour SFR ?
J-B.L. : Nous avons déjà une importante concurrence sur ce marché avec deux acteurs qui lancent sans arrêt de nouvelles offres qui font baisser les prix de façon très importante. Les nouveaux entrants, opérateurs virtuels sont eux aussi très agressifs. Le quatrième entrant qui, si j’ai bien compris, pourrait ouvrir son réseau d’ici 18 à 24 mois, nous l’attendons de pied ferme parce que la concurrence, nous y sommes habitués !
Boursier.com : Pour 2010, vous annoncez une croissance du résultat opérationnel mais sans donner de précision chiffrée. Pourquoi une telle prudence ?
J-B.L. : Il est difficile de savoir quelle sera l’évolution de l’économie mondiale en 2010. Nous sommes assis sur des métiers solides et nous sommes confiants sur le fait que nous pouvons encore progresser.
Boursier.com : Concernant la » class action » aux Etats-Unis, vous avez passé une provision de 550 ME dans vos comptes 2009. Où en est la procédure ?
J-B.L. : Je voudrais rappeler à ce sujet que notre objectif est avant tout de défendre nos actionnaires, tous nos actionnaires et en particulier nos petits actionnaires. Ce que Vivendi pourrait avoir à payer un jour, sera de facto pris de la poche des petits actionnaires. Une somme qui arrivera dans les poches d’avocats américains qui cherchent à extorquer des fonds à Vivendi. Nous essayons donc de défendre notre entreprise. Cette provision est la traduction comptable du premier verdict provisoire qui a été jugé en janvier. Mais ce verdict n’est que provisoire, il doit être confirmé et ensuite il y aura la procédure d’appel, ce n’est donc que dans plusieurs années que nous saurons si oui ou non Vivendi est condamné. Nous pensons que Vivendi pourra, notamment devant la Cour d’Appel, faire argument de toutes les raisons qui à nos yeux démontrent que le groupe n’a pas commis de faute à l’époque des faits, il y a 8-9 ans aujourd’hui.
Boursier.com : Quel est le risque qu’une nouvelle provision soit enregistrée sur les comptes 2010 ?
J-B.L. : Nous aurons à adapter la provision aux événements. Mon souhait, c’est que, lavé de toute condamnation, Vivendi puisse reprendre cette provision et l’intégrer dans ses comptes.
Boursier.com : Malgré un bénéfice en léger recul, vous ne touchez pas au dividende…
J-B.L. : Vivendi est un groupe très solide. Nous avons, depuis six ans, réinstauré un dividende et nous le faisons progresser chaque année. Cette année, nous le maintenons à son niveau par titre, malgré la conjoncture économique difficile au plan mondial. Mais en fait nous augmentons la distribution totale, puisque le nombre de titres a augmenté en 2009. C’est donc une preuve de confiance dans l’avenir que de proposer un des taux de distribution parmi les plus élevé du CAC40. Vivendi affiche aussi l’un des plus forts rendements du CAC40.
Boursier.com : Vous avez racheté la participation de M6 dans Canal+ France. Allez-vous poursuivre cette politique de rachat des intérêts minoritaires ?
J-B.L. : Je voudrais souligner d’abord les très bons résultats de Canal+ en 2009. Le groupe a progressé en nombre d’abonnés et en profitabilité l’an passé. Canal+ propose aujourd’hui une offre de chaînes de télévision extraordinaire, qui profite pleinement des technologies du numérique pour offrir des services de plus en plus complets à ses abonnés. Nous sommes très heureux d’avoir fait passer cette participation dans Canal+ France à 80%. Peut-être un jour aurons-nous l’opportunité de monter à 100%.