Entretien avec Joffrey Ouafqa, Analyste Gérant chez Convictions AM

Boursier.com : Quelle est votre sentiment sur l’évolution des indices boursiers lors des prochains mois ?

J.O. : Nous demeurons globalement positifs… Il convient toutefois de surveiller le niveau du baril de pétrole qui, s’il venait à dépasser les 120 Dollars sur le WTI, représenterait un véritable risque pour l’économie. La croissance mondiale est attendue à 4% sur 2011, dont 6,5% pour les pays émergents, 2,8% aux Etats-Unis et 1,6% dans la zone Euro… Les bénéfices des sociétés de l’Euro Stoxx600 devraient progresser de 14% en moyenne cette année. Avec un PER de 11, les multiples sont bas car la moyenne historique est de 14. Les résultats des entreprises sur le premier trimestre devraient néanmoins donner la tendance pour le reste de l’année.

Boursier.com : Parmi les secteurs, quels sont ceux que vous favorisez ?

J.O. : Nous apprécions le secteur pétrolier avec une hausse des investissements en raison des prix élevés du baril. On observe également une amélioration de la rentabilité de ces mêmes investissements… Parmi les producteurs, nous avons des titres Total ou Royal Dutch Shell. En ce qui concerne les parapétrolières, on peut s’intéresser à Technip ou Saipem.

Boursier.com : Que pensez-vous des financières ?

J.O. : La situation des banques est un peu compliquée avec les incertitudes liées aux nouvelles normes appliquées dans la cadre de Bale III. Les ratios de solvabilité varient également selon les pays… Ainsi, alors que le ratio ‘Tiers One’ exigé est de 7,5%, la banque italienne Intesa l’a porté à 10% via un appel au marché. Globalement, toutefois, le secteur bancaire ne présente plus de risques de solvabilité. On peut tabler également sur un apaisement progressif de la crise des dettes souveraines… Nous misons sur Intesa et sur le Crédit Agricole. BNP Paribas demeure incontournable avec de fortes positions en sortie de crise.

Boursier.com : Qu’en est-il des assurances ?

J.O. : Les valorisations sont faibles alors que la rentabilité de ce secteur tend à progresser… La remontée des taux devrait bénéficier à l’assurance-vie. Un titre comme Axa offre de l’intérêt à moyen terme.

Boursier.com : En revanche, vous êtes plus prudent sur le secteur de la défense…

J.O. : Il convient en effet d’être prudent sur les secteurs trop dépendants des dépenses de l’Etat… C’est ainsi le cas de la défense. Les services aux collectivités souffrent également des décisions étatiques, comme en témoigne le récent arbitrage des pouvoirs publics sur le prix du gaz.

Boursier.com : Quel est votre sentiment actuel sur les marchés actions ?

J.O. : Le contexte apparaît globalement favorable. La croissance des résultats des grandes entreprises européennes devrait être en moyenne de 15% sur 2011. A 11 fois les résultats attendus sur cette année, la valorisation est historiquement basse car la moyenne historique est de 14 fois. Cet écart reflète l’actuelle prime de risque sur les marchés actions. Nous estimons que cette prime de risque est trop élevée… Par ailleurs, les entreprises ont tiré profit de la crise pour se restructurer et se refinancer à taux bas. Les bilans sont propres et les sociétés sont donc saines. Enfin, la croissance de l’économie mondiale devrait être supérieure à 4% sur 2011. A court terme, il faudra surveiller une explosion des cours du pétrole qui pourrait impacter la croissance mondiale et donc les marchés actions.

Boursier.com : Quels secteurs évitez-vous ?

J.O. : Nous sommes prudents sur les secteurs qui sont liés aux dépenses de l’Etat à savoir la défense ou la construction. La valorisation du luxe nous semble également trop élevée. Nous évitions les valeurs liées à la consommation des ménages en raison de l’inflation des matières premières. Nestlé et Danone sont des titres concernées par cette problématique. Dans le secteur automobile, les constructeurs français affichent une faible génération de cash-flow. En revanche, les équipementiers sont plus attractifs.

Boursier.com : Vos valeurs favorites…

J.O. : Avec la remontée des prix du pétrole, on peut miser sur les groupes intégrés à l’instar de Total ou de Royal Dutch. Les valorisations de ces valeurs sont relativement basses et les dividendes sont traditionnellement élevés. La hausse des cours de l’or noir aura un fort effet de levier sur les résultats. Il faut garder à l’esprit que sur les 12 dernières années le secteur pétrolier a surperformé l’indice 8 fois. D’autres secteurs sont intéressants. La valorisation des minières est faible eu égard les perspectives de croissance des résultats. Nous sommes également favorables aux valeurs de la chimie ou des médias.

Boursier.com : Que pensez-vous des valeurs de rendement ?

J.O. : Cette thématique du dividende devrait bientôt attirer les investisseurs. Même si les marges des opérateurs télécom sont sous pression avec les effets conjugués d’une concurrence exacerbée et de la politique menée par le régulateur, les rendements des dividendes sont élevés. Le secteur des services aux collectivités et la santé versent également des dividendes intéressants.

Boursier.com : Quelle est votre opinion sur les banques ?

J.O. : Les valeurs bancaires sont attractives car elles offrent encore une décote conséquente. On doit toutefois surveiller la problématique des dettes souveraines. Le secteur de l’assurance est quant à lui intéressant dans un contexte d’anticipation de remontée des taux par les banques centrales.