Boursier.com : Quelle est la croissance organique de Meetic sur les neuf premiers mois de l’année, sans prendre en compte l’acquisition de Match.com ?
M.S. : Nous avons beaucoup de mal à la définir, car nous avons transféré des partenariats d’un site sur l’autre, et ce n’est donc pas un indicateur très pertinent. Nous suivons la croissance du groupe, qui s’est établie à environ 25 % à taux de change constant. L’activité au troisième trimestre est absolument conforme à ce que nous avions imaginé. C’est aussi une année pendant laquelle nous nous focalisons sur la marge du groupe et nous confirmons nos objectifs de 20 à 25 % d’EBITDA. Et la priorité reste l’intégration de Match.com.
Boursier.com : Quelles sont justement les synergies qui peuvent être mises en place avec l’intégration de Match.com ?
M.S. : Ce sont principalement des synergies de coût. Nous allons investir entre 10 et 15 millions d’euros de moins sur une année pleine pour le marketing puisque nous n’avons plus à faire la guerre l’un contre l’autre. Nous allons aussi avoir des synergies de revenus, que nous avons du mal à estimer aujourd’hui, mais qu’il faudra optimiser.
Boursier.com : Quelle est aujourd’hui la position de la société sur le marché ?
M.S. : Nous sommes non seulement leaders partout mais aussi presque seuls, puisque le dating fonctionne un peu comme les enchères, avec un effet volume. Plus il y a de monde, plus les gens vont chez nous. Il est donc très difficile pour les concurrents d’exister à côté de Meetic. Les seuls sites qui émergent viennent d’Allemagne et basent leur développement sur des techniques marketing à la limite de la légalité.
Boursier.com : Vous ne craignez pas que les autorités de la concurrence vous reprochent une situation de monopole ?
M.S. : Cela a constitué un vrai sujet lors de l’acquisition de Match.com et la réponse est que le dating ne constitue pas un marché en soi. Il faut inclure tout ce qui permet de faire des rencontres, des sites Internet aux numéros de téléphone, en passant par les SMS. En incluant les sites gratuits, Meetic n’est pas en situation de monopole.
Boursier.com : Ressentez-vous un effet de la crise sur les clients, sont-ils plus prudents ?
M.S. : Ils ne sont pas plus prudents. Le seul pays où nous ressentons les effets de la crise est l’Espagne, avec beaucoup d’annulations de cartes bancaires puisque les gens sont débités et que souvent ils sont dans le rouge. La situation est un peu la même en Italie mais il n’y a pas d’effets pour l’instant en France, ni en Angleterre.
Boursier.com : Vous ne craignez pas un phénomène de saturation, et que les gens passent à autre chose ?
M.S. : Cela fait sept ans que nous entendons ça mais il n’y a pas plus efficace pour faire des rencontres ! Nous générons 400 histoires durables par jour en France, et peut-être un millier au total. Environ 80 % des gens qui se désabonnent disent avoir trouvé quelqu’un.
Boursier.com : Vous avez créé d’autres sites, pour cibler notamment un public plus âgé. Êtes-vous satisfait de leur évolution ?
M.S. : L’idée est de cibler un public un peu plus âgé, d’à peu près 40 ans, en se basant davantage sur la fidélité psychologique, avec un process beaucoup plus compliqué que pour les autres sites, plus long, et surtout qui ne fonctionne pas sur le tchat mais sur les e-mails. Cela marche très bien, nous réalisons maintenant une part importante du chiffre d’affaires du groupe sur Meetic Affinity et sur Match Affinity.
Boursier.com : Le téléphone mobile peut-il constituer un gros relais de croissance à l’avenir ?
M.S. : Nous réalisons à peu près 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires avec les mobiles, c’est beaucoup, mais ce ne sera pas un relais de croissance. Si nous parvenons à faire décoller Pix Me, un site que nous avons lancé pour les jeunes, nous essaierons peut-être de le monétiser avec du téléphone mobile.