La France hausse le ton sur les stablecoins. Le gouverneur de la Banque de France appelle l’ESMA à renforcer son rôle de supervision dans le cadre du règlement MiCA. Une idée guide cette initiative : éviter qu’un marché trop permissif ne menace la stabilité financière européenne.
Les stablecoins dans le collimateur de Paris
François Villeroy de Galhau, à la tête de la Banque de France, a tenu un discours direct et sans ambiguïté. Pour lui, le modèle actuel de multi-émission des stablecoins pose un vrai problème. Il permet au même émetteur de lancer son token en Europe et ailleurs, avec des réserves parfois très différentes selon la législation.
Ce mécanisme ouvre la voie à l’arbitrage réglementaire. En clair, un acteur pourrait déplacer ses activités vers le pays où les contraintes sont les plus légères. En cas de crise, cela pourrait priver l’Europe d’un levier de contrôle sur la liquidité en circulation. Une dérive potentiellement dangereuse pour l’euro.
Le message est également relayé par d’autres autorités monétaires, comme la Banque d’Italie ou le Conseil européen du risque systémique. Tous redoutent le même scénario : voir des stablecoins se développer sans encadrement clair et déstabiliser la finance traditionnelle.
Tether et Circle gardent un œil attentif sur ce débat européen. En effet, toute modification du cadre MiCA pourrait bouleverser leur stratégie d’expansion sur le Vieux Continent.
🇫🇷 The Bank of France wants tighter ESMA control over stablecoins to “protect the euro.”
Together with Austria and Italy, it’s proposing centralized EU supervision under ESMA, mandatory cybersecurity audits, and stricter rules for non-EU issuers.
Supporters say this would… pic.twitter.com/Z70ZV7oxSJ
— Stabolut (@stabolut) October 9, 2025
Vers un encadrement européen plus cohérent ?
Au-delà du cas des stablecoins, la France dénonce une supervision trop gragmentée à l’échelle européenne. Aujourd’hui, chaque État membre contrôle les acteurs installés sur son territoire. Le passporting stimule l’innovation, certes, mais il laisse aussi quelques zones grises dans la régulation.
Beaucoup d’entreprises préfèrent s’installer dans des pays plus “souples” sur le plan réglementaire, tout en visant le marché européen. Paris veut mettre fin à cette situation. L’idée serait de donner davantage de pouvoir à l’ESMA pour surveiller directement les principaux émetteurs et plateformes, comme l’explique cet article.
Selon elle, un contrôle plus centralisé redonnerait confiance aux investisseurs et renforcerait la crédibilité du marché européen. Une logique déjà vue après la crise de 2008, lorsque les banques avaient dû être mieux encadrées. Mais cette fois, elle s’appliquerait à la sphère crypto, bien plus mouvante et imprévisible.
Trouver l’équilibre entre sécurité et innovation
Pour la France, il ne s’agit pas de freiner le mouvement d’innovation, mais plutôt d’en poser les bases solides. L’idée reste la même : protéger sans bloquer, guider sans brider.
Cette position marque un vrai tournant pour l’Europe. Pendant que les États-Unis tergiversent sur leur cadre réglementaire, l’Union avance plus vite. Et si Bruxelles suit la ligne française, MiCA pourrait bien devenir un modèle mondial de régulation.
Si la vision française s’impose à Bruxelles, MiCA pourrait s’imposer comme un cadre de référence à l’échelle mondiale. Un modèle d’équilibre entre prudence réglementaire et ambition technologique.
Une chose est sûre : la bataille autour des stablecoins ne fait que commencer. Et cette fois, c’est bien la France qui donne le tempo.
Sources : Cointelegraph
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