Les institutions, il semblerait, manifestent à nouveau un intérêt pour les actifs cryptographiques, a révélé la dernière enquête conjointe de l’Association de gestion d’investissement alternatif (AIMA) et de PwC, qui montre qu’une majorité des hedge funds que compte le monde détient des actifs numériques, ce qui porte un coup à la réputation d’un marché naissant dans un nouvel environnement réglementaire plus propice.
Les fonds traditionnels augmentent prudemment leur exposition aux crypto-actifs
Selon cette étude très récente et nouvellement publiée, 55% des hedge funds détiennent aujourd’hui des actifs crypto (47% un an auparavant). L’enquête ayant été conduite auprès de 122 gérants représentant près de 982 milliards de dollars, elle est un des plus larges indicateurs en termes d’adoption institutionnelle.
En moyenne, les fonds concernés allouent 7 % de leurs portefeuilles aux actifs cryptographiques. Ils marquent cependant une prudente méfiance : plus de la moitié se contentant d’une exposition limitée à moins de 2 %.

Cela ne freine cependant pas leur intérêt, puisque 71 % des fonds projettent d’accroître leurs positions dans les douze mois à venir.
Cette progression s’explique en partie par un regain de confiance chez les investisseurs institutionnels. Les prix record observés cette année renforcent cette dynamique, notamment grâce au Bitcoin. L’actif phare profite d’un climat politique perçu comme plus favorable aux innovations liées aux cryptomonnaies.
Le recours massif aux dérivés soulève des inquiétudes
Si l’intérêt grandit, des signaux incitent à la prudence. Parmi les fonds exposés aux cryptomonnaies, 67 % utilisent des produits dérivés pour y entrer, plus flexibles et liquides, mais ce n’est pas sans risque. Le krach éclair d’octobre a été l’occasion de se pencher sur la question.

L’événement a révélé les limites d’un marché encore en croissance, amplifié par un usage excessif du levier et par une fragilité persistante de l’infrastructure institutionnelle. Selon beaucoup de fonds interrogés, c’est la stabilité des plateformes qui doit maintenant être questionnée, en particulier en période de fortes fluctuations.
Dans ce contexte, les gestionnaires adoptent une attention accrue aux conditions d’exécutions et à l’encadrement des garanties des intermédiaires. Ils scrutent aussi de plus près la robustesse de la réglementation qui encadre les produits dérivés des crypto-actifs.
AIMA poursuit sa stratégie d’influence réglementaire
Le rapport porte non seulement sur les crypto-actifs. Il aborde aussi plusieurs tendances dans le secteur des hedge funds. Les gestionnaires disent avoir vu évoluer les structures de frais. Ils soulignent aussi le “skin in the game”, donc les montants que les dirigeants investissent personnellement dans leurs fonds. La demande pour des solutions d’investissement sur mesure est, elle aussi, en progression.
AIMA regroupe plus de 2 100 membres d’entreprise et encadre plus de 4 000 milliards de dollars d’actifs.
L’association est encore très engagée dans les discussions réglementaires et a notamment pris part à plusieurs rencontres à Bruxelles au cours des dernières semaines pour discuter de la révision de la directive UCITS, de la mise en œuvre d’AIFMD II, de la réforme de la titrisation et des réglementations liées à la durabilité.
« Les actifs numériques sont aujourd’hui à l’avant-garde. C’est un axe fondamental des stratégies des hedge funds », indique AIMA & PwC, 2025.
Cette implication valide la montée des fonds alternatifs dans le paysage financier européen, mais aussi leur volonté d’imposer davantage leurs idées dans les futures options réglementaires.
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