Une nouvelle alerte est lancée par le FMI. Selon le Fonds Monétaire International, la tokenisation pourrait rendre les marchés plus rapides et moins onéreux. Toutefois, il avertit que cette rapidité pourrait également faire basculer un simple incident technique en dégringolade spectaculaire.
Son étude, rendue publique le 28 novembre 2025, met l’accent sur un aspect : la future grande transformation de la finance ne se produira pas sans dangers ni sans une implication plus importante des gouvernements.
La tokenisation accélère les marchés, mais ouvre la porte aux chocs violents
Dans sa dernière étude, le FMI évoque une finance de plus en plus efficace grâce à des fonctions automatisées. Les marchés tokenisés diminuent les dépenses, accélèrent la finalisation des transactions et réduisent la longueur de la chaîne d’intermédiaires. L’idée semble claire : un smart contract se substitue aux phases de compensation, de transmission et de validation. Grâce à ces instruments, une transaction peut être conclue en quasi instantané.
Tokenization can make financial markets faster and cheaper but efficiencies from new technologies often come with new risks. Watch our latest video to learn more. pic.twitter.com/hBsQxlhHFh
— IMF (@IMFNews) November 28, 2025
Ces gains attirent l’intérêt des grandes institutions. Des chercheurs cités par le FMI ont déjà constaté des économies importantes sur les premiers marchés tokenisés. Grâce à cette architecture, les acteurs gèrent leur collatéral plus efficacement, ce qui renforce l’attrait du modèle pour les gérants et les infrastructures.
Pourtant, la rapidité est également un facteur de tension. Le FMI note que les marchés automatisés, peuvent provoquer à l’occasion de fortes fluctuations. Les crashes éclair en sont une parfaite illustration : une succession de liquidation provoque une chute brutale.
Dans un marché tokenisé, la vitesse et l’ampleur du phénomène sont exacerbées. Les smart contracts sont reliés comme des dominos, et tout dysfonctionnement local peut engendrer de grands problèmes globaux.
L’écosystème est également menacé par un autre risque : la fragmentation. Si plusieurs plateformes tokenisées se développent sans interopérabilité, la liquidité se disperse. Les marchés perdent alors en profondeur et les coûts augmentent, ce qui contredit la promesse de départ. Le FMI estime que cette fragmentation peut freiner la transition vers une finance plus rapide.
Les gouvernements préparent déjà leur place dans cette nouvelle évolution
Le FMI insiste sur un élément clé : l’histoire financière montre que les gouvernements n’assistent jamais aux révolutions monétaires en spectateurs. Le Fonds cite des exemples marquants. Les États ont choisi dans l’accord de Bretton Woods de rétablir l’ordre monétaire mondial en 1944.
La rupture intervenue dans les années 1970 de la relation entre dollar et or ouvre la période des taux de change dits libres ou flottants. À chaque fois, les pouvoirs publics précisent les limites du nouveau système.
Cette logique pourrait se répéter. La tokenisation plaît pour ses gains d’efficacité, mais le rôle du secteur public reste central. Le FMI estime que les États interviendront davantage à mesure que la tokenisation gagne en importance. L’institution décrit la tokenisation comme la prochaine étape de l’évolution monétaire.
Cette prise de parole marque aussi un tournant. Le sujet ne fait plus partie des expérimentations de niche. La tokenisation atteint aujourd’hui plusieurs milliards de dollars. Des acteurs comme BlackRock, avec son fonds BUIDL, dominent déjà le marché des Treasuries tokenisés et dépassent des acteurs pionniers comme Franklin Templeton. Le phénomène s’installe, et le FMI place désormais ses analyses dans le débat public.

Pour l’institution, la tokenisation peut transformer la finance mondiale grâce à des marchés plus rapides, moins coûteux et plus programmables. Cependant, ce passage vers le numérique est accompagné d’un message explicite : plus les marchés se numérisent, plus l’intervention des régulateurs s’intensifie. L’évolution progresse et les gouvernements se préparent à occuper leur position dans le futur contexte de la tokenisation.
Source : Cointelegraph, IMF
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