Tokyo prépare un pas de plus vers l’intégration entre crypto et finance. La FSA étudie en effet un assouplissement ciblé permettant aux filiales de groupes bancaires d’offrir des services de trading d’actifs numériques. Une évolution qui, selon les premières pistes explorées, poserait un nouveau cadre concurrentiel et des obligations d’information renforcées pour le retail.
Ce que prépare la FSA
Aujourd’hui, les filiales de groupes bancaires ne peuvent pas se faire enregistrer en tant que prestataires de services sur actifs numériques. Le projet en discussion ouvrirait donc la porte aux entités de courtage affiliées aux banques, dans le cadre de conditions strictes de gouvernance et de transparence.
Par ailleurs, notons que cette orientation s’inscrirait dans un chantier plus large. La FSA a en effet publié au printemps un état des lieux de la régulation crypto, évoquant un calibrage par types d’actifs et une articulation avec la FIEA. Ce document éclaire la stratégie long terme et la logique d’ensemble recherchée par le régulateur.
Parallèlement, l’agence envisage de lever l’interdiction faite aux banques d’acheter et de détenir des cryptos à des fins d’investissement. Évidemment, une telle initiative serait assortie de garde-fous prudentiels. Le cas échéant, les établissements bancaires devraient mettre en place des dispositifs de gestion des risques et d’information client.
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Concurrence, risques et garde-fous
Sur le plan de la concurrence, l’entrée des filiales de groupes bancaires sur le marché crypto alignerait leur périmètre sur celui d’acteurs liés à des maisons de titres, déjà présents via Rakuten Wallet ou des unités du groupe SBI. Conséquence : le marché japonais verrait s’élargir les canaux d’accès pour les particuliers.
Toutefois, on note que le régulateur veut encadrer la commercialisation par des avertissements clairs sur la volatilité, les pertes potentielles et la ségrégation des fonds. L’objectif est clair : maintenir la protection du retail dans un monde où les banques pourraient proposer achat, vente et conservation d’actifs numériques.
Ce tournant potentiel s’insère aussi dans un contexte très dynamique. Les grands groupes financiers japonais accélèrent sur les usages numériques, notamment les stablecoins indexés au yen, portés par des initiatives sectorielles récentes. Une trajectoire qui confirme une normalisation progressive des actifs tokenisés.
Pour les investisseurs, une telle bascule aurait un double effet. D’une part, plus de profondeur de marché et des standards opérationnels hérités des réseaux bancaires. D’autre part, des contraintes accrues de conformité et de transparence, alignées sur les priorités de la FSA, fixées depuis 2024-2025.
Calendrier à surveiller
Côté calendrier, il faudra bien sûr suivre de près les prochaines étapes réglementaires. Le Japon débat depuis 2025 d’un statut financier clair pour certains actifs et de dispositifs anti-abus (délit d’initié, segmentation produits). Et dans la perspective d’un relais législatif en 2026, les banques se préparent déjà à ces scénarios.
Enfin, ce débat domestique se répercute à l’international. L’ouverture encadrée du canal bancaire au trading crypto pourrait servir de modèle de convergence entre la finance traditionnelle et les actifs numériques, à condition une fois de plus de maintenir des garde-fous lisibles pour le retail.
Last but not least, les lecteurs assidus pourront retrouver dans nos colonnes nos analyses antérieures sur l’évolution du cadre crypto japonais. Par exemple, notre décryptage sur la réforme japonaise détaille les impacts possibles sur l’écosystème local et l’émergence d’offres bancaires crypto.