Accueil La France, entre augmenter l’effort de guerre et réduire la dette
ACTUALITÉS, Fiscalité / Impôts

La France, entre augmenter l’effort de guerre et réduire la dette

Accroître ses dépenses militaires, tout en réduisant les déficits publics, sans hausses d’impôts : telle est la quadrature du cercle pour la France.

Suite au retrait du soutien armé américain à l’Ukraine, et à l’effort spectaculaire de réarmement de la Fédération de Russie, ce qui pour certains pourrait constituer à terme une menace pour l’Europe, La France va devoir accroître ses dépenses militaires, jusqu’à 3 voire 3,5 % du PIB, selon Emmanuel Macron.

Or la France est confrontée à un défi majeur : concilier la réduction des déficits publics et de la dette avec le financement accru de l’effort de défense, le tout sans augmenter les impôts ni compromettre sa contribution au budget européen. Cette situation représente un véritable casse-tête pour le président Emmanuel Macron et son gouvernement. 

Quelle est la situation réelle du pays ? Pourquoi accroître les dépenses militaires ? Quels sont les défis d’un financement sans impôts ? Quelles sont les pistes stratégiques à suivre pour concilier la hausse des dépenses militaires et la réduction des déficits publics ? Quel impact sur la participation financière de la France au budget européen ?

Contexte actuel des finances publiques françaises

En 2023, la dette publique française atteignait 110,6 % du PIB, nécessitant une nouvelle politique budgétaire pour la rendre soutenable, conformément au traité européen voté en avril 2024. Le déficit public s’est établi à 5,6 % du PIB en 2024, bien au-delà de la limite de 3 % fixée par les engagements européens. Cette situation impose une réduction significative du déficit pour éviter une spirale d’endettement incontrôlée.

Pourquoi augmenter le budget et les dépenses militaires ?

La France s’est engagée à augmenter ses dépenses de défense. Les ministres des affaires étrangères des cinq plus grands pays de l’Union européenne – Allemagne, France, Italie, Espagne et Pologne – ainsi que celui du Royaume-Uni, se sont engagés à accroître leurs dépenses de défense, parfois au-delà de 2 % du PIB. Cette ambition inclut même l’idée de fixer un objectif de 3 % du PIB au sein de l’OTAN. Cette augmentation des dépenses militaires est essentielle pour répondre aux nouvelles menaces géopolitiques et aux obligations internationales de la France.

Les défis du financement sans augmentation des impôts qui attendent le gouvernement

Le président Emmanuel Macron a promis que ce virage budgétaire se fera « sans augmenter les impôts », prévoyant ainsi un rééquilibrage des finances publiques par une réduction des dépenses publiques. 

Cependant, cette approche présente plusieurs défis :

  • Rigidité des dépenses publiques : une grande partie des dépenses publiques est structurelle et difficilement compressible à court terme, notamment les salaires des fonctionnaires et les prestations sociales.
  • Impact sur la croissance économique : des réductions trop drastiques des dépenses publiques peuvent freiner la croissance économique, ce qui pourrait paradoxalement aggraver le ratio dette/PIB. 
  • Acceptabilité sociale et politique : la réduction des dépenses publiques, notamment dans les domaines sociaux, peut rencontrer une forte opposition de la population et des partenaires sociaux.

Quelles stratégies pour concilier réduction de la dette et augmentation des dépenses militaires ?

Pour relever ce défi sans augmenter les impôts ni affecter la contribution de la France au budget européen, plusieurs pistes peuvent être séparément ou cumulativement envisagées :

– réévaluation et réorientation des dépenses publiques : il est essentiel de procéder à une analyse approfondie de l’efficacité des dépenses publiques pour identifier les économies qu’il serait possible de faire sans affecter la qualité des services essentiels. Cela pourrait inclure la suppression des doublons administratifs, les regroupements d’agences ayant des missions complémentaires, la rationalisation des structures publiques et la priorisation des dépenses d’investissement à fort impact sur la croissance.

– Partenariats public-privé (PPP) : le recours aux PPP peut permettre de financer certains projets d’infrastructure ou de défense sans alourdir immédiatement le budget de l’État. Toutefois, ces partenariats doivent être soigneusement encadrés pour éviter des coûts futurs excessifs.

– Vente d’actifs publics : la cession de certaines participations de l’État dans des entreprises publiques ou la vente d’actifs immobiliers peut générer des ressources exceptionnelles pour financer l’effort de défense ou réduire la dette. Cette stratégie doit être menée de manière stratégique pour ne pas compromettre les intérêts nationaux à long terme.

– Amélioration de l’efficacité fiscale : sans augmenter les taux d’imposition, l’État peut améliorer le recouvrement des impôts existants en améliorant la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales. Une administration fiscale plus efficiente peut accroître les recettes sans alourdir la pression fiscale sur les contribuables. Il peut en être de même avec la fraude sociale !

– Croissance économique soutenue : encourager la croissance économique augmente mécaniquement les recettes fiscales. Des réformes structurelles favorisant l’innovation, l’investissement et l’emploi pourraient stimuler la croissance et améliorer la situation budgétaire sans nécessiter de coupes drastiques dans les dépenses. Mais de telles mesures dépendent d’un choix et d’une volonté politiques.

– Coordination européenne : la France peut plaider pour une mutualisation partielle des dépenses de défense au niveau européen, par exemple à travers des programmes communs ou des fonds dédiés. Cela permettrait de partager le fardeau financier tout en renforçant la coopération en matière de défense.

– Réorienter l’épargne des Français : l’Etat ne peut pas « faire main basse » sur la manne que représentent les livrets A et LDDS, contrairement à une fausse idée répandue, mais il pourrait créer un nouveau produit d’épargne (Livret) orienté « Défense », ou encore proposer au sein des assurances-vie – qui remportent toujours un vif succès – un « fonds spécifique Défense » ! 

L’impact des mesures financières et budgétaires que prendra le gouvernement sur la contribution de la France au budget européen

La contribution de la France au budget de l’Union européenne est calculée en fonction de son revenu national brut (RNB). Une réduction des dépenses publiques ou une augmentation des dépenses militaires n’affecte pas directement cette contribution, à moins que ces mesures n’aient un impact significatif sur la croissance économique du pays. Ainsi, en évitant des mesures qui pourraient freiner la croissance, la France peut maintenir sa contribution au budget européen stable.

Conclusion

Concilier la réduction des déficits publics et de la dette avec un effort accru en matière de défense, sans augmenter les impôts ni affecter la contribution au budget européen, est un exercice très complexe. Il nécessite une approche équilibrée, combinant réformes structurelles, amélioration de l’efficacité des dépenses publiques et stimulation de la croissance économique. La réussite de cette stratégie dépendra de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre ces réformes tout en maintenant la cohésion sociale et en répondant aux exigences de sécurité nationale.

Ajoutez Actufinance à vos flux Google Actualités

Didier Brochon Rédacteur Expert en Fiscalité

Didier Brochon Rédacteur Expert en Fiscalité

Dans la filière fiscale, je suis particulièrement compétent et formaté pour la fiscalité des entreprises et des particuliers, le contrôle fiscal et son assistance, les conseils aux entreprises et aux particuliers, le traitement des contentieux suite aux contrôles fiscaux, l'assistance aux vérifications de comptabilité informatisées (compétence informatique particulière dans le traitement des données), mais apte à défendre de la même manière un contrôle fiscal des particuliers (contrôle sur pièces, ou un examen contradictoire de la situation fiscale personnelle d'ensemble; impositions directes locales: taxe d'habitation, taxes foncières), je suis également compétent dans une autre spécialité mal connue, y compris de beaucoup d'avocats, les évaluations domaniales de valeurs vénales et de valeurs locatives d'immeubles, évaluations des indemnisations en matière d'expropriations pour cause d'utilité publique, et leurs contentieux (au sein de l'Agence France Domaine en qualité de Chargé de mission, évaluateur et commissaire du gouvernement devant le Juge de l'expropriation et devant les SAFER).

Ma carrière administrative m'a valu d'exercer dans pratiquement tous les domaines du droit fiscal, y compris international, au sein de plusieurs Grandes Directions Nationales (ex-DSGI aujourd'hui DRESG ; DNVSF, en liaison avec Bercy, puis dans une Grande Direction Régionale de contrôles fiscaux, la DIRCOFI Centre-Val de Loire). 

Plus que mes compétences techniques très étendues, ma personnalité s'est toujours distinguée par une exigence de rigueur, mon adaptabilité, l'esprit d'analyse et de synthèse, le pragmatisme, la créativité, réactivité, curiosité, l'aisance relationnelle et en équipe, la vitesse de compréhension et d'exécution, le goût de l'initiative, des responsabilités et de la négociation. J'aurais pu par exemple intégrer un cabinet spécialisé, pour assurer la défense des intérêts des clients dans les domaines précités. J'aurais tout aussi bien pu travailler en "back office" en défense et recours des contribuables vérifiés, sur études des dossiers, ou les assister pendant les vérifications. Mes principaux hobbies sont : musique, art en général et littérature en particulier, étant auteur publié, et je suis également intéressé par l'activité de rédacteur.

Mes compétences fiscales et "para-fiscales" sont des plus étendues : juridiques (droit civil, fiscal et pénal découlant du fiscal, et droit de l'urbanisme + droit administratif, public et constitutionnel).

Aujourd'hui à la retraite, je reste actif en qualité d'auto-entrepreneur, en matière de conseils et défense en fiscalité des particuliers uniquement, et secondairement conseil dans les activités liées à l'écriture. Mon site web professionnel est https://www.cdjf-casav.com, où je réponds aux contribuables (ou écrivains) qui me sollicitent (mes tarifs et honoraires y sont clairement mentionnés).

Dernières Actualités

À Londres, une vanne « CAP STABLECOINS » régule un flux d’USDC/USDT devant la Bank of England, tandis que Sarah Breeden pèse « Stabilité » et « Innovation » sous un ciel gris.
Actualité bancaire, Autres informations financières, Crypto-monnaies

BoE : le cap sur les stablecoins ne sera levé que sans risque systémique avéré

Dans un hackathon lumineux, un trophée #1 en forme de logo Ethereum rayonne tandis que de jeunes développeurs codent, entourés de mini-bannières L2 et d’un caméo BD de Vitalik pointant une courbe de commits.
Actu Ethereum, Autres informations financières, Crypto-monnaies

Ethereum, écosystème n°1 pour les nouveaux développeurs en 2025 : que faut-il en conclure ?

Ethereum s’impose en 2025 comme l’écosystème n°1 pour les nouveaux développeurs, d’après des données Electric Capital reprises par l’Ethereum Foundation. Cette dynamique interroge, et on peut distinguer deux questions clés : pourquoi Ethereum attire-t-il autant, et que signifie ce leadership pour la concurrence ? Le classement que nous avons consulté pour cet article repose sur des...

LIVE : Institutions massives sur ETH, Kraken renforce sa présence régulée, Bitcoin à surveiller
ACTUALITÉS
EN DIRECT

LIVE : Institutions massives sur ETH, Kraken renforce sa présence régulée, Bitcoin à surveiller

Le marché crypto bouge à nouveau après quelques jours sans relief. Les volumes reprennent vie, timidement mais sûrement. Entre les achats institutionnels d’Ethereum, l’avancée réglementaire de Kraken et la stabilité du Bitcoin, la journée s’annonce riche en signaux. Institutions massives sur ETH Les chiffres sont parlants : 95 % des ETH détenus par des sociétés cotées ont...

Larry Fink, PDG de BlackRock, évoquant la tokenisation des actifs financiers lors d’une interview sur CNBC
ACTUALITÉS, Crypto-monnaies

BlackRock : Le PDG voit une nouvelle vague d’opportunités dans la tokenisation

XRP et Solana s’invitent à Wall Street alors que la CME lance ses options
ACTUALITÉS

XRP et Solana s’invitent à Wall Street alors que la CME lance ses options

Communiqué de presse

DOGE reste le favori d’Elon Musk… sauf que ce chiot ultra-tonique change la donne

Chercheur en cybersécurité détectant un site de phishing crypto à l’aide de l’outil SEAL.
ACTUALITÉS, Crypto-monnaies

La Security Alliance s’attaque aux sites crypto frauduleux