La Maison Blanche se retrouve dans une situation délicate. Le projet de nomination de Brian Quintenz à la tête de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) s’est heurté à une impasse politique. Bloqué au Sénat et fragilisé par une série de polémiques, l’ancien commissaire et figure pro-crypto d’Andreessen Horowitz ne parvient pas à franchir l’étape de la confirmation.
En conséquence, l’administration Trump doit envisager d’autres profils pour diriger un régulateur stratégique au moment où les États-Unis veulent affirmer leur suprématie sur le terrain des cryptomonnaies.
Brian Quintenz, un pari devenu encombrant
Au départ, tout semblait aligné. Quintenz, fin connaisseur des marchés dérivés et ardent défenseur d’une régulation souple de la crypto, était estimé comme le candidat idéal pour donner corps à la promesse de Donald Trump de faire des États-Unis la « crypto capital of the world ».
Son passage chez Andreessen Horowitz, où il supervisait les investissements blockchain, lui donnait une crédibilité certaine auprès de l’industrie.
Mais son dossier s’est vite alourdi. Au printemps, il a dû quitter le conseil d’administration de Kalshi, plateforme de marchés prédictifs régulée par la CFTC, sur fond d’accusations de conflit d’intérêts.
Puis, ses prises de position sur la responsabilité légale des développeurs ont choqué une partie de la communauté, au point que Tyler Winklevoss l’a publiquement désavoué.
L’échange d’accusations entre les deux hommes, amplifié par la publication de SMS privés par Quintenz, a fini d’entamer sa légitimité. Depuis, le Sénat a gelé le vote, sans calendrier pour relancer la procédure.
Une CFTC affaiblie en pleine transition
Ce blocage ne pourrait pas tomber plus mal. Depuis janvier, la commission fonctionne avec une équipe réduite. Caroline Pham assume l’intérim, épaulée par la commissaire démocrate Kristin Johnson. Une composition fragile alors que la CFTC doit encadrer l’essor des produits dérivés adossés aux cryptos, travailler main dans la main avec la SEC et répondre à la demande pressante d’un cadre réglementaire cohérent.
À bien des égards, cette vacance au sommet fragilise la capacité du régulateur à imposer une ligne claire, au moment même où le marché des actifs numériques vit une phase de croissance sans précédent.
Les retards s’accumulent sur certains dossiers, et la crédibilité internationale de la CFTC se trouve entamée.
La Maison Blanche explore ses options
Face au blocage, l’administration Trump n’exclut plus de changer de cap. Selon Bloomberg, plusieurs noms circulent déjà en coulisses.
Quintenz n’est pas encore officiellement écarté, mais l’absence de perspective claire au Sénat force la Maison Blanche à envisager une alternative plus consensuelle. L’idée : éviter un enlisement qui minerait la stratégie présidentielle.
Les profils recherchés devront avoir de l’expertise technique, une intégrité irréprochable et une disposition à fédérer. Car le prochain président de la CFTC aura pour mission d’accompagner une régulation qui doit être protectrice, mais aussi incitative, afin de maintenir l’avance américaine dans la course mondiale aux cryptomonnaies.
Cependant, l’heure tourne. En octobre, la CFTC tiendra une table ronde importante sur les produits dérivés numériques. Faute d’un président confirmé, l’événement risque de manquer de poids.
Le choix à venir ne sera donc pas juste un ajustement. Il conditionnera la place des États-Unis dans la bataille mondiale de la régulation crypto.
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