Un comité de 15 membres a été mis en place afin de travailler sur un cadre juridique visant l’adoption des cryptos en République centrafricaine. Selon le président de la RCA, ce projet pourra faire accélérer l’économie nationale.
La République centrafricaine en route pour intégrer le grand bain de la crypto monnaie
Dans un tweet partagé par Faustin-Archnage Touadéra, le président de la République centrafricaine, il a été déclaré que 15 membres ont été chargés de mettre en place un cadre juridique. Ledit projet de loi devrait permettre l’utilisation des cryptomonnaies ainsi que la tokenisation dans la région.
Pour le président, l’industrie des cryptomonnaies est une grande avancée technologique qui pourrait « aider à éradiquer les barrières financières que connait la RCA ». Pour lui, la cryptosphère est un secteur à fort potentiel capable de permettre la création d’un environnement favorable aux entreprises du pays.
De même, pour le président Faustin, l’instauration d’un cadre juridique devrait permettre l’utilisation des cryptomonnaies de manière plus sécurisée. C’est pour cette raison que le comité chargé de la rédaction de la loi sur les cryptos est très bien rodé. Il comporte en effet :
- Le ministère des Mines et de la Géologie ;
- Le ministère des Eaux ; Forêts, chasse et pêche
- Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural ;
- Le ministère de la Justice ;
- Le ministère de la promotion des droits humains et de la bonne gouvernance
- Le ministère de l’Urbanisme, de la réforme foncière, des villes et logement
Grâce à la collaboration de ces différents organes, les cryptos pourront très bientôt être utilisées en République centrafricaine. Ce qui permettra certainement de développer l’économie du pays.
Dans son communiqué de presse, il déclare qu’ « Avec l’accès aux cryptos, les barrières monétaires existantes jusqu’à présent vont disparaitre, l’objectif principal des mesures adoptées par le gouvernement étant le développement de l’économie nationale ».
15 experts #centrafricains issus de plusieurs ministères de mon gouvernement composent le comité chargé d'élaborer un nouveau projet de loi plus complet sur l'utilisation des crypto-monnaies et d'offrir à la RCA cette opportunité unique de développement économique & technologique pic.twitter.com/bZTS8HQxH3
— Faustin-Archange Touadéra (@FA_Touadera) January 20, 2023
Cet engouement du président pour les cryptos n’a toutefois rien de nouveau ! L’année dernière, la Centrafrique avait en effet adopté le bitcoin comme monnaie officielle au côté du FCFA. Et cela sans même consulter les autres membres de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Suite à cette loi, la Centrafrique est devenue le premier pays de la région à adopter une monnaie numérique comme monnaie officielle.
De nombreux organismes inquiétés
Cette décision annoncée le 27 avril dernier avait inquiété plus d’un. Notamment la BEAC, la Banque mondiale ainsi que la FMI. Suite à cette décision dont le vote s’est fait à l’unanimité, les dirigeants de la BEAC avaient déclaré « que le Bangui cherche visiblement à instaurer une monnaie centrafricaine échappant au contrôle de la banque centrale ». Pour eux, « cette décision pourrait mettre en péril la stabilité monétaire ».
« Cette loi est une manière de sortir du franc CFA par un moyen qui vit de sa substance la monnaie commune (…..), ce n’est pas une priorité pour le pays, cette démarche interroge : à qui profite le crime) ».
Du côté de la banque mondiale, il n’y avait pas non plus des heureux. Pour les dirigeants, il est important que les institutions régionales soient consultées et restent aux commandes de la politique monétaire.
Le représentant de la banque mondiale en RCA Han Fraeters avait déclaré « On ne pose pas de jugement sur le type de décision, le type de contenu de la loi que le gouvernement Centrafricaine a pris, mais on dit que ce n’est pas à eux de le faire. C’est vraiment quelque chose que le gouvernement a délégué à la Cemac. Et c’est au sein de la Cemac qu’il faut discuter et prendre ce type de décision ».
Pour ne pas avoir été consultée avant la prise de la décision, la Banque mondiale prudente dans l’affaire avait avoué s’inquiéter de l’impact environnemental des cryptomonnaies. Elle avait même déclaré « Nous avons des inquiétudes concernant la transparence et les implications au niveau de l’inclusion financière, le secteur financier et la finance publique générale ».
La FMI s’exprime
Enfin, la FMI avait également avoué ne pas voir les cryptos « comme une panacée contre les défis économique dont l’Afrique fait face ».
Pour le Fonds Monétaire International, il s’agit d’une décision très risquée pour ce pays en voie de développement qui d’après l’ONU, est classé deuxième pays le moins développé du monde.
Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI avait même déclaré « les cryptomonnaies peuvent contribuer à un système de paiement plus robuste sur le continent africain. Mais adopter simplement la possibilité d’utiliser le bitcoin est quelque chose qui doit être surveillé de manière très, très attentive. Il faut en effet s’assurer que le cadre législatif, la transparence financière et la gouvernance sont bien en place ».
Tout ce remue-ménage n’a toutefois pas découragé le gouvernement de la RCA qui affirme que les cryptomonnaies garantiraient un avenir financier pour le pays. Dans un communiqué de presse du gouvernement, il avait été déclaré que « Ce plan visionnaire créerait une opportunité fantastique pour quinconce croit en l’investissement en crypto ».
Pour le président, « cette démarche place la République centrafricaine sur la carte des plus courageux et visionnaires au pays au monde ».
Aujourd’hui encore, le président affirme son point de vue en mettant en place un comité pour la mise en place du cadre juridique entourant la cryptos.
D’un autre côté, il convient de rappeler que la Centrafrique n’est pas le seul pays avec des ambitions dans le secteur des cryptos. Le Nigéria est également au pas de course avec l’intégration de l’échange crypto Roqqu qui a récemment obtenu une licence de monnaie virtuelle pour l’espace économique européen après avoir attendu deux ans que les autorités de régulation ne donnent leur autorisation.
Lorsque le PDG de Roqq, Bejamon Onomor a été interviewé, il a affirmé que les Africains étaient intéressés par les cryptos. Et qu’il y’avait même des Africains Off-shore qui renvoyaient plus de 5 milliards de dollars à leurs proches avec ce système.
« Il est très logique de résoudre ce problème en utilisant la crypto comme véhicule. La crypto est une voie plus rapide et moins chère qui peut combler l’écart et aider à réduire les frais de transferts d’argent dans le monde ». C’est le cœur du problème que nous voulons résoudre » a-t-il déclaré.