Le gouvernement laotien a décidé d’éteindre les machines. D’ici le premier trimestre 2026, le pays mettra un terme à l’alimentation des fermes de minage. Trois ans après avoir tenté l’expérience, le Laos renonce à la crypto pour concentrer ses ressources sur des secteurs jugés plus utiles à son économie.
Un pari crypto qui n’a pas tenu ses promesses
En 2021, les autorités laotiennes avaient ouvert la porte au minage de cryptomonnaies. Le pays espérait attirer des investisseurs étrangers et diversifier ses sources de revenus. Et cela a fonctionné, du moins au début. Les mineurs, attirés par une énergie bon marché et « propre », se sont rapidement installés.
À leur apogée, ils consommaient environ 500 MW d’électricité. Mais la situation s’est retournée. Aujourd’hui, cette consommation n’est plus que de 150 MW, selon le vice-ministre de l’Énergie Chanthaboun Soukaloun. Le gouvernement estime que le minage ne profite pas vraiment à l’économie locale.
« La crypto ne crée pas de valeur réelle comparée à l’approvisionnement d’industries productives », a-t-il déclaré. Il a rappelé que ce programme n’avait vu le jour qu’à cause d’un surplus temporaire d’électricité.
Le virage énergétique s’impose
Le Laos avait envisagé de fermer les robinets dès 2024. Les fortes pluies ont repoussé l’échéance. Elles ont permis d’écouler le trop-plein de production et de maintenir les exportations vers la Thaïlande et le Vietnam. Le répit sera court : les fermes devront être débranchées d’ici mars 2026.
Ailleurs, d’autres pays explorent une approche différente, cherchant à concilier minage et énergie verte. Le Brésil, par exemple, tente d’en faire un levier durable, comme le décrit cet article.
Au Laos, cette décision traduit surtout un retour au bon sens. Les autorités veulent garantir l’approvisionnement des habitants et des entreprises locales avant de le consacrer à une activité jugée trop volatile.
L’énergie laotienne change de cap
Le message du gouvernement est clair : priorité à la valeur ajoutée. L’électricité laotienne alimentera désormais des secteurs comme les centres de données pour l’intelligence artificielle, le raffinage des métaux ou encore la fabrication de véhicules électriques. Selon les autorités, ces domaines génèrent plus d’emplois et de revenus durables que la crypto.
Souvent surnommé la « batterie de l’Asie du Sud-Est », le Laos veut aussi renforcer son rôle régional dans l’énergie propre. Des discussions sont en cours pour augmenter les exportations vers le Vietnam, qui atteignent déjà 8 000 MW, et relancer les ventes d’électricité à Singapour via le corridor LTMS (Laos-Thaïlande-Malaisie-Singapour).
Ce changement de cap s’accompagne d’un contexte plus tendu. Une filiale de Power Construction Corp of China réclame 555 millions $ à l’État laotien pour des impayés liés à un projet hydroélectrique. Une affaire que les autorités disent suivre « dans le cadre légal prévu », sans en dire plus.
Un retrait qui pèse sur le minage mondial
En se retirant du minage, le Laos rejoint la liste des pays qui ont tourné le dos à la crypto après un essor éclair. Après la Chine et le Kazakhstan, c’est un nouvel acteur énergétique qui quitte la scène. Ce départ réduit encore les options pour les mineurs cherchant une énergie verte et peu chère. Le Laos mise désormais sur la stabilité de son réseau et le développement industriel. Ainsi, une page se tourne pour un pays qui avait cru, un temps, au potentiel du minage crypto.
Sources : Reuters
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