Londres traverse une pénurie d’IPO sans équivalent depuis trois décennies. Les leveurs de fonds espèrent toutefois une accalmie, portée par un pipeline qui se regonfle et par des réformes techniques récentes.
Un creux trentenaire qui interroge
Au premier semestre 2025, les sociétés n’ont levé qu’environ 160 millions de livres sur la place londonienne, répartis sur cinq introductions seulement. C’est un plus bas depuis 1995. Ce chiffre symbolise une atrophie de l’activité primaire et un doute persistant sur l’attractivité locale.
Les causes sont identifiées. D’abord, des performances post-IPO souvent décevantes ont refroidi les émetteurs. Ensuite, la concurrence des marchés américain et européen s’est accrue, en particulier pour les entreprises recherchant des multiples élevés. Enfin, les sorties de private equity restent prudentes, ce qui retarde les dossiers.
Pourtant, des banquiers ECM rapportent un pipeline plus étoffé. Plusieurs dossiers de taille moyenne seraient prêts, si la volatilité retombe et si les investisseurs affichent une meilleure appétence pour la croissance rentable. La fenêtre pourrait se rouvrir épisodiquement d’ici douze à dix-huit mois, sous strictes conditions.
Ce qui peut rallumer la mèche
Le Royaume-Uni a engagé une simplification du régime de cotation afin de fluidifier l’accès au public (overhaul des UK Listing Rules confirmé par la FCA). L’objectif est de réduire la friction administrative, de clarifier la divulgation d’informations et d’offrir davantage de flexibilité aux émetteurs.
La Bourse de Londres, de son côté, multiplie les initiatives de visibilité et de pédagogie auprès des émetteurs. Un message récent sur X souligne les « changements récents des règles de cotation » et l’ambition de faciliter la levée de capitaux.
Last chance to register for the #IPO Forum, and catch the ‘Reform of the UK Capital Markets 2024’ panel. Learn about the recent changes to the listing rules which make it simpler to raise finance and operate as a public company.
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— London Stock Exchange (@LSEplc) November 6, 2024
Par ailleurs, les banques observent une meilleure tenue du secondaire, ce qui est indispensable. Sans volumes et sans stabilité des cours, un marché primaire ne tient pas. Ainsi, la sélectivité restera élevée, avec une exigence de flux de trésorerie visibles et de gouvernance irréprochable.
Des signaux faibles, mais tangibles
Des candidats typiques émergent : banques spécialisées, fintechs déjà rentables, industriels de niche et sociétés de services B2B. Les valorisations devront toutefois intégrer un escompte d’introduction raisonnable, pour laisser de l’« upside » aux nouveaux actionnaires. Les opérations hybrides, mêlant primaire et secondaire, pourraient redevenir la norme.
Pour les particuliers, l’angle britannique se joue aussi via les indices. Notre guide Comment Investir dans le FTSE 100 ? Guide et Cours explique comment suivre l’indice phare de la cote londonienne et se positionner face aux rotations sectorielles. Ce cadrage aide à contextualiser le cycle des IPO par rapport à la profondeur de marché.
Ce qu’il faut surveiller maintenant
Trois repères guideront la suite. Premièrement, la qualité des premières vagues d’IPO : un démarrage au-dessus du prix d’introduction, puis une tenue à trois mois, seraient des marqueurs forts. Deuxièmement, l’équilibre entre offres primaires, nécessaires pour financer la croissance, et cessions secondaires de fonds. Troisièmement, la dynamique des flux internationaux : si la prime de valorisation américaine se réduit, Londres pourrait regagner du terrain.
En somme, la City reste en convalescence, mais les fondamentaux se stabilisent. Si la volatilité se calme, si les réformes portent leurs fruits et si les investisseurs réengagent, un rebond par vagues demeure plausible. Toutefois, le marché exigera discipline et transparence, conditions sine qua non d’un redémarrage durable.
Sources
- Financial Times — London’s IPO drought: advisers bank on a bounceback
- City A.M. — London IPO fundraising slumps to 30-year low
- FCA — Overhaul of UK Listing Rules
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