Le Massachusetts s’approche d’un moment crucial dans sa politique financière. Le Joint Revenue Committee se penchera sur la création d’une Bitcoin Strategic Reserve (SBR). Avec une approbation du projet, l’État serait le premier à faire intégrer des cryptoactifs dans ses avoirs publics et pourrait inciter d’autres territoires à vouloir faire de même.
Jusqu’à 900 millions de dollars en Bitcoin
Le document qui assure l’interpénétration des échanges mobilisés au cours des débats, le Senate Bill S.1967 proposés par le sénateur républicain Peter J.
Durant, prévoit d’autoriser le trésorier du Massachusetts à investir jusqu’à 10% de l’actuel fonds de stabilisation (alimenté par la fiscalité acquittée par l’Etat, soit 900 millions de dollars sur un total d’environ 9 milliards), dans le bitcoin, pour en faire un instrument de couverture contre l’inflation et un moyen de diversification du portefeuille public.
Cette proposition ne surgit pas par hasard. Autrement dit, cela fait déjà près de deux ans que certains États de l’Union américaine s’intéressent aux cryptomonnaies, que ce soit pour leur comptabilité comme le Texas qui se posait la question de placer une partie de ses surplus budgétaires en bitcoin et tout récemment l’Ohio vers la cryptomonnaie pour le paiement de ses impôts.
C’est pourquoi le Massachusetts dans les premiers États à envisager le pas décisif de constituer une réserve stratégique de bitcoin.
Une dynamique nationale et mondiale
Actuellement, à l’échelon fédéral, les États-Unis se trouvent détenteurs de près de 198 000 BTC, essentiellement via des confiscations judiciaires et des ventes aux enchères, ce qui montre bel et bien que le bitcoin est en passe de s’établir progressivement comme une catégorie d’actifs dans la mesure où il n’est pas seulement un actif spéculatif.
De surcroît, à l’échelle mondiale, de nombreux pays ont déjà pris l’initiative. Le Salvador, par exemple, a mis en œuvre le bitcoin comme monnaie légale dès 2021 et a monté une réserve nationale de BTC. Quoi qu’il en soit, les résultats de cette initiative sont aujourd’hui encore incertains. Néanmoins, l’expérience salvadorienne a ouvert la voix contre laquelle se décident les politiques.
Un cadre réglementaire en discussion
La séance d’audition de la commission des finances du Sénat du 7 octobre prochain ne portera pas uniquement sur le projet S.1967, car deux autres textes, S.2008 et H.3279, figurent aussi à l’ordre du jour des travaux de ce jour.
Ces propositions visent à établir un cadre clair d’encadrement des opérations d’investissements en bitcoin, en abordant notamment la sécurité de la conservation, la cybersécurité, la gestion des risques et la transparence comptable.
Les partisans de la réforme soutiennent qu’une exposition modérée au bitcoin pourrait contribuer à optimiser le rendement ajusté du risque des fonds publics. Elle pourrait aussi avoir lieu dans un cadre de désendettement de la dette publique en forte hausse, de potentielle incertitude monétaire et budgétaire. Pour les détracteurs, la très forte volatilité du bitcoin fait courir le risque d’une instabilité financière pour l’État, en cas de krach.
Une audition décisive pour la suite
Le Joint Revenue Committee doit trancher sur l’avenir de la proposition et décider si elle avancera vers le Sénat puis la Chambre des représentants. Si le texte est approuvé, le Massachusetts ajustera sa politique de gestion de trésorerie et pourrait donc servir d’exemple pour d’autres États souhaitant suivre cette même direction.
Au-delà des considérations politiques locales, le défi reste d’ordre symbolique. Effectivement, si un État américain adoptait une Bitcoin Strategic Reserve, cela renforcerait directement la légitimité de la cryptomonnaie. De plus, une telle décision faciliterait son intégration dans le secteur des finances publiques à une échelle beaucoup plus large.
Sources : Cointelegraph
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