Omid Malekan, un auteur expert en blockchain et professeur à la Columbia Business School, pense que les « Digital Asset Treasuries » (DAT), ou sociétés de trésorerie numériques, sont au cœur de la récente chute des valeurs du Bitcoin et de l’Ethereum. Il estime que ces organisations fonctionnent comme un « événement d’extraction et de sortie massive », siphonnant de la valeur plutôt que d’en produire de manière pérenne.
Les DATs, une nouvelle force qui pèse sur le marché des cryptomonnaies
Les Trésoreries d’Actifs Numériques ont levé d’importants capitaux pour acquérir des cryptomonnaies comme le Bitcoin (BTC) et l’Ethereum (ETH), dans le but affiché de renforcer la crédibilité du marché et de diversifier les bilans des entreprises. Mais pour Omid Malekan, la réalité est tout autre. Il évalue que ces infrastructures ont permis de débloquer un nombre massif de jetons censés être verrouillés, accentuant ainsi la pression de vente.
Any analysis of why crypto prices continue to fall needs to include DATs, because in aggregate they turned out to be a mass extraction and exit event – a reason for prices to go down.
There are a few exceptions, projects that actually tried to execute the playbook my friend and…
— Omid Malekan 🧙🏽♂️ (@malekanoms) November 4, 2025
Autrement exprimé, ces entreprises ont donc une détention d’un million de bitcoins qui, au prix du bitcoin du temps présent annuel moyen en dollars, représente plus de 100 milliards de dollars de valeur totale, et une détention de plus de 6 millions d’ethers qui représente une valeur de près de 20 milliards de dollars.
D’une part, la concentration d’actifs se réfère autant à leur importance sur le marché en croissance qu’à leur susceptibilité, car beaucoup d’entre eux ont obtenu des fonds grâce à l’émission de ventes de rentes ou d’obligations convertibles. Pour des figures comme Michael Saylor, le patron de MicroStrategy, ou Thomas Lee de Bitmine, cette tendance signale inéluctablement une financiarisation du domaine.
D’après leur perspective, l’inclusion du Bitcoin dans les bilans d’entreprise constitue une nouvelle phase de prise en charge institutionnelle. Malekan reste plus critique : pour lui, les DATs « Digital Asset Treasury » ont transformé la promesse de décentralisation en un “jeu de sortie” au profit d’initiés, sapant la confiance et la stabilité du marché.
Un modèle critiqué pour sa fragilité et ses dérives internes
Omid Malekan a exprimé publiquement son désaccord avec la philosophie de ces entreprises. Il leur reproche d’avoir cherché avant tout un enrichissement rapide, sans réelle stratégie de création de valeur durable.
« Si vous rencontriez les fondateurs de certains de ces projets, il était évident qu’ils voyaient leur DAT comme un moyen de s’enrichir vite », affirme-t-il.
Selon lui, beaucoup ont levé trop de fonds et émis une quantité excessive de tokens, souvent justifiée par le développement d’un prétendu écosystème.
Ces émissions massives, parfois partiellement verrouillées, sont pour lui à l’origine du surplus d’offre qui rend difficile la valorisation des actifs. Malekan y voit même des conflits d’intérêts à répétition entre dirigeants et fonds d’investissements, dont certains utiliseraient les capitaux levés pour financer leurs propres structures ou pour surévaluer certains indicateurs. Parmi ses exemples, citons les projets comme BitMEX Research, accusée de profiter d’accords opaques pour améliorer artificiellement la situation de trésorerie d’entreprises.
Ce constat met en lumière des craintes plus larges, car l’excès du marché n’est pas qu’interne aux cryptomonnaies, mais extérieur à elles également. En outre, pour Malekan, l’accroissement des DATs résume déjà une dérive d’anciens cycles : trop de financements, trop de promesses et une gouvernance peu éclairée et peu transparente.
Un avertissement pour un marché en quête de maturité
En dépit des critiques formulées, la tendance reste forte et fin octobre 2025, 48 entreprises ont ajouté du bitcoin à leur bilan, portant le total à 207 entreprises. Cette adoption institutionnelle grandissante se fait toutefois au prix d’un ralentissement du processus et d’un accroissement de la concentration des risques par la même occasion. Selon les analystes, seuls les acteurs capables d’allier transparence et durabilité résisteront à la consolidation du secteur.

Pour Omid Malekan, il n’y a pas photo : « Accumuler trop de liquidités et émettre trop de jetons, même pour soutenir un écosystème, c’est le mal qui ronge la crypto. » Son propos fait débat, certains indiquant au contraire que l’apport de grands noms comme Bitmine ou MicroStrategy permet de crédibiliser durablement le secteur.
Sources : Cointelegraph
