
Un projet de loi qui sort de l’ordinaire
Le plan est ambitieux, presque audacieux. Le texte présenté au Congrès prévoit que la banque centrale philippine achète 2 000 BTC par an pendant cinq ans, pour constituer un stock de 10 000 BTC.
Cependant, pas question d’y toucher n’importe quand. Ces fonds seraient placés en stockage à froid, répartis dans différents lieux sécurisés et contrôlés par des audits trimestriels.
Le cœur de l’idée est simple : bloquer ces bitcoins pendant 20 ans. Ils ne pourraient être utilisés que pour une mission bien précise : le remboursement de la dette publique.
Passé ce délai, le pays ne pourrait en vendre que 10 % tous les deux ans, afin d’éviter de puiser trop vite dans cette réserve. En clair, il s’agirait d’une sorte de « coffre-fort numérique », pensé pour durer et protéger l’avenir économique du pays.
Entre pari visionnaire et risque calculé
Pour les défenseurs du projet, l’opération est visionnaire. Miser sur le Bitcoin aujourd’hui, c’est parier qu’il prendra énormément de valeur dans les prochaines décennies. Si le scénario se réalise, cette réserve pourrait devenir une arme décisive pour alléger une dette qui pèse lourd sur l’économie philippine.
En revanche, les sceptiques voient les choses autrement. Le Bitcoin reste un actif très volatil, et personne ne peut prédire avec certitude où il se situera dans 20 ans. Selon eux, utiliser un tel actif pour sécuriser la dette d’un pays pourrait fragiliser encore plus la situation si le prix venait à plonger.
Le projet a néanmoins prévu un garde-fou important : la propriété privée des cryptos resterait intacte. Aucune mesure de confiscation ou de restriction ne viserait les détenteurs individuels. Une précision qui vise à rassurer les citoyens et à montrer que l’État ne veut pas contrôler l’écosystème, mais seulement en tirer parti.
Des répercussions qui dépassent Manille
Cette initiative n’est pas qu’un débat interne. Si elle venait à passer, elle ferait des Philippines le premier pays au monde à constituer une réserve Bitcoin spécifiquement dédiée au désendettement. Une démarche qui pourrait faire école.
Les regards se tournent déjà vers d’autres nations émergentes, elles aussi étranglées par leur dette. Ces pays restent fragilisés par leur dépendance au dollar. Pour ces pays, une réserve en Bitcoin pourrait représenter une alternative stratégique, voire une forme d’indépendance monétaire.
Mais l’idée pourrait aussi effrayer. Le FMI, la Banque mondiale ou encore les agences de notation risquent de voir d’un mauvais œil une telle expérimentation. Entre admiration et méfiance, le projet philippin a toutes les chances de provoquer un débat bien plus large que ses frontières.
Une rentrée sous le signe de l’audace
Qu’il soit adopté ou non, ce projet a déjà marqué un tournant symbolique. Il illustre une évolution. Le Bitcoin n’est plus seulement vu comme un actif spéculatif, mais comme un possible outil de stratégie économique. Pour un pays comme les Philippines, c’est une façon de se placer dans la course à l’innovation financière.
Sources : CoinDesk
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