L’Inde affronte un stress énergétique inédit. Reliance Industries, fleuron de l’industrie pétrolière et pétrochimique indienne, réduit ses achats de pétrole russe à la suite de nouvelles sanctions américaines visant Rosneft et Lukoil. Les risques se propagent au marché intérieur.
Sanctions renforcées, arbitrages immédiats pour les raffineries
Les mesures américaines incluent non seulement des sanctions financières mais aussi des menaces de sanctions secondaires. Sans surprise, les partenaires étrangers se trouvent contraints de réévaluer leurs flux par les délais de mise en conformité annoncés par Reliance. Les importations russes deviennent donc plus compliquées.
Selon des sources industrielles, ce sont même tous les raffineurs indiens qui revoient leurs contrats. Et Reliance, acteur privé majeur s’il en est, ajuste déjà ses volumes. L’objectif est clair comme de l’eau de roche : éviter toute exposition au système financier américain.
Impact sur les marges : la fin du “rabais russe” ?
Appelons un chat un chat : jusqu’ici, le brut russe offrait un avantage prix décisif. Mais le retrait forcé de cette aubaine implique un remplacement par des cargaisons venant du Moyen-Orient, des Amériques ou d’Afrique, souvent plus chères. En conséquence, les marges de raffinage pourraient reculer à court terme.
En outre, Reliance avait scellé fin 2024 un accord d’approvisionnement sur dix ans avec Rosneft, autour de 500 000 barils/jour. Il va sans dire que la révision de cet accord créerait un vide temporaire dans le mix.
Some Indian refiners to move away from Russian oil, sources say https://t.co/VVKSDdVKPa https://t.co/VVKSDdVKPa
— Reuters (@Reuters) October 16, 2025
Effets macro : facture pétrolière et relations commerciales
À l’échelle macro, une baisse des volumes russes va sans nul doute renchérir la facture d’importation indienne. Toutefois, la visibilité sur les prix reste volatile, variant au gré des annonces et des réallocations OPEP+ et US.
En parallèle, New Delhi pourrait bien décider de resserrer ses liens commerciaux avec Washington si la conformité de son réajustement industriel est jugée exemplaire. Un levier diplomatique qui agit comme une contrepartie du renchérissement des barils pour les industriels indiens.
Risques et filets de sécurité pour l’aval
Pour les distributeurs, le défi porte surtout sur la continuité d’approvisionnement et la stabilité des prix à la pompe. Mais les stocks stratégiques et la diversification par grades compatibles deviennent eux aussi essentiels, au moins transitoirement.
Dans ce contexte, l’énergie reste un angle critique pour la crypto-économie locale. La montée en puissance des data centers et du minage accroît l’attention sur l’accès au réseau. Nous évoquions d’ailleurs le sujet récemment, dans un article décryptant les délais de raccordement FERC pour Bitcoin et l’IA.
Ce que doivent surveiller les marchés
Tout d’abord, on peut s’interroger sur la mise en conformité des contrats d’ici aux dates butoirs. Ensuite, il sera intéressant de voir comment les flux entrants seront réajustés, non seulement en terme d’origine mais surtout de coûts. De plus, il est évident que ces ajustements ne maqueront pas de susciter des réponses de l’OPEP et donc d’influencer la trajectoire du Brent. Enfin, il faut bien sûr garder un oeil sur les publications officielles, ainsi que sur les sources primaires sur les sanctions et les volumes.
