Après un lancement aux États-Unis, Robinhood a l’intention de déployer ses marchés prédictifs en Europe et au Royaume-Uni en leur filant des discussions exploratoires avec les régulateurs locaux pour appréhender comment y encadrer ce type d’offres encore incertain sur le plan juridique.
Une extension après un démarrage fort aux États-Unis
Aux États-Unis, Robinhood a choisi de s’associer à la plateforme Kalshi, régulée par la CFTC, pour proposer ce service dans un cadre de marché. Les marchés prérictifs sont reconnus comme étant des contrats à terme. D’après son CEO Vlad Tenev, 4 milliards de contrats ont été échangés depuis le lancement, dont la moitié au troisième trimestre 2025. Ces chiffres témoignent de l’intérêt des utilisateurs, bien que l’essor rapide de ce segment s’inscrive dans un mouvement plus large autour de l’élection présidentielle de 2024, et d’une forte tendance au pari d’événements sportifs.
INTEL: Robinhood is exploring the launch of an offshore prediction market outside the United States
— Solid Intel 📡 (@solidintel_x) September 30, 2025
Cette dynamique a eu tout autant d’effets sur le marché boursier : l’annonce d’un volume de transactions aussi important a notamment favorisé la hausse du titre Robinhood, mais aussi des analystes inquiets de la boulimie d’achats d’instruments d’une grande complexité.
Un cadre juridique encore flou en Europe
Le principal obstacle à une expansion internationale se situe du côté réglementaire. Contrairement aux États-Unis, où la CFTC encadre ces produits financiers, plusieurs pays européens les classent plutôt comme des jeux d’argent. Cette disparité a pour effet de rendre le déploiement d’une offre homogène difficile. Au Royaume-Uni, Robinhood est en discussion avec la Financial Conduct Authority (FCA) pour savoir quel encadrement juridique opteront les autorités.
Le problème paraît encore plus complexe au sein de l’Union européenne, où chaque pays a ses propres règles concernant les jeux et la réglementation financière. Ainsi, certains, prédisant une prospérité sur ces marchés, soutiennent que la Commission européenne devrait prendre des mesures en son sein.
Entre engouement et vigilance
Attirant la convoitise d’une partie croissante du public, les marchés prédictifs permettant de parier sur des résultats d’événements politiques, économiques ou sportifs, suscitent également des interrogations sur la frontière établie entre finance et pari, et sur la protection des consommateurs, notamment dans le cadre où la France est, au sein des grandes nations, le premier pays d’Europe à favoriser ce type de marché. En Europe, il n’est pas anodin que certains experts jugent cette formule trop spéculative au risque de mettre en péril les consommateurs les moins avertis.
Un marché déjà concurrentiel
L’initiative de Robinhood intervient dans un contexte marqué par l’arrivée d’autres acteurs. Polymarket, FanDuel, Underdog Sports et même le groupe CME explorent ce segment. Dans un marché américain déjà saturé, l’international apparaît pour Robinhood comme une piste de diversification. Toutefois, rien ne garantit que la transposition de son modèle en Europe se fera rapidement, tant les barrières réglementaires restent élevées.
Une stratégie sous conditions
Pour l’instant, Robinhood n’a annoncé aucune date précise, et le projet dépend encore des discussions avec les autorités locales. Si celles-ci donnent leur feu vert, l’entreprise franchira un cap stratégique en s’imposant comme l’un des premiers acteurs à déployer les marchés prédictifs à grande échelle hors des États-Unis. Dans le cas contraire, elle devra patienter et affronter une concurrence déjà déterminée à occuper l’espace.
Sources : Bloomberg
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