Les stablecoins n’ont jamais été aussi présents dans l’univers crypto. Mais derrière cette croissance fulgurante, Bruxelles voit un risque. Le 2 octobre, l’ESRB a publié un avertissement sans détour : il faut agir vite pour encadrer ces actifs, sous peine de voir leur fragilité contaminer le reste du marché.
Bruxelles hausse le ton
Dans son rapport, l’ESRB met en avant un point sensible. Beaucoup de stablecoins circulant en Europe reposent sur une architecture fragmentée. Cette organisation, en apparence pratique, pourrait vite tourner au casse-tête en cas de crise de confiance.
Imaginons une vague de retraits massifs : les détenteurs voudraient échanger leurs jetons contre des euros ou des dollars. Problème, les réserves réellement disponibles dans l’Union ne couvriraient pas forcément cette demande. Un scénario qui ferait vaciller la confiance et donnerait l’impression d’une panique bancaire.
Cette inquiétude n’arrive pas au hasard. Les volumes échangés via USDT, USDC et autres stablecoins battent régulièrement des records. Leur rôle central dans le trading et la finance décentralisée les rend incontournables, mais aussi plus exposés au moindre choc.
Des règles jugées indispensables
Face à ce constat, l’ESRB ne veut pas perdre de temps. Ses recommandations vont bien plus loin que le cadre déjà mis en place par MiCA. Bruxelles veut imposer la transparence des réserves, une couverture en actifs liquides et des règles uniformes, quel que soit le pays de l’émetteur.
Le message est clair : il ne doit plus y avoir de zones d’ombre. Pour les autorités, laisser les stablecoins se développer sans garanties solides serait une erreur. L’exemple de l’effondrement du TerraUSD en 2022 reste encore dans toutes les mémoires.
Cette fermeté vise aussi à rassurer. L’Union entend montrer qu’elle est capable d’anticiper plutôt que de courir derrière les crises. C’est une façon pour l’UE de s’affirmer comme référence, comme après la crise bancaire de 2008.
Watching: just a rec', not law, but the European Systemic Risk Board is warning against stablecoins issued outside the EU. If EU kills multi-issuance, then stablecoins splinter, fragmenting liquidity. That hurts stables but makes a neutral bridge more valuable. pic.twitter.com/2URLwUfqKE
— WrathofKahneman (@WKahneman) October 2, 2025
Un marché sous pression
Les conséquences sont directes pour les poids lourds du secteur. Tether, avec son USDT, reste l’acteur dominant mais devra prouver que ses réserves sont non seulement solides mais aussi rapidement mobilisables. Circle, déjà plus transparent, sera lui aussi concerné par ce contrôle renforcé.
À court terme, ces exigences risquent de compliquer la tâche des émetteurs. Mais à plus long terme, elles pourraient aussi leur offrir un gain de crédibilité. Cela compterait surtout auprès des investisseurs institutionnels qui hésitent encore à plonger dans l’univers des cryptos.
L’Europe n’agit pas seule. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre considère désormais qu’un stablecoin largement adopté doit être traité comme une monnaie à part entière. Aux États-Unis, la rivalité entre USDC et USDT alimente un débat politique toujours plus intense. En réclamant des règles d’urgence, Bruxelles veut éviter de se retrouver en retrait.
Une confiance à préserver
En s’attaquant aux stablecoins, Bruxelles veut avant tout préserver la confiance, condition essentielle à leur existence. Ainsi, l’avertissement du 2 octobre marque un tournant : soit ces garde-fous renforcent la crédibilité du secteur, soit ils seront perçus comme un frein supplémentaire. Une chose est sûre, l’Europe ne compte plus rester spectatrice.
Sources : Reuters
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