La rentrée s’ouvre avec un nouvel épisode dans la bataille monétaire mondiale. Pékin veut aller plus loin que son yuan numérique en misant sur les stablecoins. Objectif : trouver un moyen de s’imposer face au dollar, toujours roi des paiements internationaux. Mais cette stratégie, aussi audacieuse soit-elle, soulève déjà de nombreuses questions.
Pékin tente une nouvelle carte face à Washington
La Chine n’en est pas à son premier coup d’essai pour internationaliser sa monnaie. Le yuan numérique (e-CNY) devait incarner cette ambition. Pourtant, malgré des années de tests, son usage reste limité à l’intérieur des frontières. Hors de Chine, il reste quasiment inutilisable à cause des contrôles stricts qui pèsent sur les flux de capitaux.
C’est dans ce contexte que les stablecoins entrent en scène. Ces tokens adossés au yuan offriraient à Pékin ce que l’e-CNY ne peut pas garantir : une réelle utilité dans les échanges transfrontaliers. Contrairement à la monnaie numérique officielle, ils pourraient circuler via des canaux offshore comme Hong Kong, où le cadre réglementaire est plus souple et plus favorable à l’innovation.
Derrière ce virage, il y a la volonté de contrer la domination américaine. Aujourd’hui, près de la moitié des paiements mondiaux passent encore par le dollar. Et sur le terrain des cryptos, la suprématie est encore plus marquée : l’USDT et l’USDC règnent en maîtres sur le marché. Pékin veut donc créer un équivalent en yuan capable de rééquilibrer le jeu.
Ce n’est pas seulement une question technique. C’est aussi un message politique. La Chine cherche à montrer qu’elle peut offrir une alternative au système financier centré sur Washington.
Entre ambition et réalités du terrain
Sur le papier, l’idée a de quoi séduire. Mais dans les faits, Pékin devra franchir plusieurs obstacles. Et pas des moindres.
D’abord, la confiance. Les marchés internationaux regardent toujours le yuan avec méfiance. Le manque de transparence de la politique monétaire chinoise reste un frein majeur. Or, un stablecoin n’est crédible que si les utilisateurs croient aux réserves qui le soutiennent.
Autre défi : l’adoption. Pour exister, un stablecoin doit être accepté par les grandes plateformes, les traders, et surtout par des institutions financières. Pékin le sait, et c’est pour cela que Hong Kong joue un rôle clé. La ville a déjà mis en place un cadre réglementaire spécifique, exigeant des réserves vérifiées et de la transparence.
Reste enfin la dimension géopolitique. Aux États-Unis, la régulation des stablecoins avance vite et renforce encore la position du dollar. Si la Chine veut s’imposer, elle devra défier directement cette domination. Mais cela suppose d’ouvrir davantage ses marchés… et donc de lâcher une partie du contrôle strict qu’elle exerce sur ses capitaux.
Conclusion – Entre ambition et réalité, la partie ne fait que commencer
Avec ses projets de stablecoins, la Chine veut montrer qu’elle est prête à défier l’ordre monétaire établi. Mais entre scepticisme des investisseurs, contraintes réglementaires et suprématie américaine, la route est semée d’embûches. Pékin a lancé le signal. Reste à voir si le monde est prêt à l’entendre.
Sources : CoinDesk
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