Donald Trump a confirmé son soutien à un projet de loi permettant d’imposer jusqu’à 500 % de droits de douane aux pays continuant d’acheter du pétrole, du gaz ou de l’uranium russes. Une menace qui vise moins la Russie elle-même que ses clients, accusés d’alimenter sa capacité de financement militaire.
Selon les premiers éléments, le président américain disposerait d’une large marge de manœuvre pour décider quels pays et quels produits seraient visés. Toutefois, le texte doit encore franchir plusieurs étapes au Congrès.
Un projet pour frapper les clients de l’énergie russe
Le dispositif en question s’inscrit dans le Sanctioning Russia Act, porté par un groupe bipartisan de sénateurs. L’idée qui le sous-tend est simple : réduire les revenus énergétiques de Moscou en sanctionnant les acheteurs, plutôt que les seules entreprises russes.
En d’autres termes, l’esprit du texte se résume à faire choisir aux partenaires de la Russie entre l’accès au marché américain et des rabais sur l’énergie russe. Avec comme moyen de pression des tarifs douaniers pouvant (en théorie) monter à 500 % sur certaines importations.
Inde et Chine en première ligne
Quand on y regarde d’un peu plus près, on constate que l’Inde et la Chine apparaissent comme les cibles prioritaires. Car en effet, depuis 2022 ces deux pays ont profité de rabais sur le brut russe qui leur a permis de sécuriser l’accès à une énergie meilleur marché, alors que dans le même temps l’Europe se détournait de Moscou.
Pour New Delhi, devenue l’un des principaux acheteurs de pétrole russe, la mise en place de tarifs punitifs sur ses exportations vers les États-Unis serait un choc considérable. Toutefois, il est probable que l’Inde fera tout pour chercher des accommodements sectoriels afin d’éviter un conflit frontal.
La Chine, de son côté, dispose d’une marge de négociation plus large, notamment grâce à son quasi monopole sur les terres rares. Cependant, notons qu’une escalade tarifaire supplémentaire avec Washington pèserait autant sur sa croissance et sur les chaînes d’approvisionnement mondiales déjà fragilisées que sur les secteurs de la finance traditionnelle et crypto.
India-US ties may get much worse in the coming weeks. Senator Lindsey Graham's proposed bill, which has bipartisan support and Trump just said he supports, implements 500% tariffs on big importers of Russian oil. Trump can carve out India, but he may not.https://t.co/tjSCUE43to
— Derek J. Grossman (@DerekJGrossman) July 14, 2025
L’Europe exposée indirectement, les marchés sous tension
Dès le début de l’agression russe en Ukraine, l’Union européenne a fortement réduit ses achats d’énergie russe, limitant son exposition directe. Toutefois, rappelons que de nombreuses entreprises européennes sont partie intégrante des chaînes de valeur asiatiques. Par conséquent, toute hausse brutale de droits de douane entre Washington, Pékin et New Delhi aura des répercussions sur l’industrie européenne, du luxe à l’automobile.
Du côté des marchés financiers, la sensibilité aux annonces tarifaires n’est plus à démontrer. À court terme, la simple évocation de surtaxes massives renforce la volatilité sur les devises émergentes, les actions cycliques et les matières premières énergétiques.
Pour les investisseurs crypto, l’enjeu est surtout l’appétit global pour le risque. Les épisodes passés de guerre commerciale ont souvent déclenché des ventes rapides sur Bitcoin, suivies en général de rebonds. L’instabilité est d’autant plus forte que l’incertitude sur les droits de douane déjà mis en place est aussi interne.
Un levier de pression plus qu’un scénario acté
À ce stade, il apparaît que le Sanctioning Russia Act reste avant tout un levier de négociation. Le texte sert à mettre la pression autant sur Moscou que sur ses partenaires, en laissant planer la menace de tarifs extrêmes.
La version finale du projet dépendra des compromis trouvés au Congrès : exemptions sectorielles, délais, clauses de suspension automatique… Mais indépendamment de ces débats, le simple fait de discuter de droits de douane susceptibles d’atteindre 500 % a déjà le mérite de remettre la géopolitique commerciale au cœur des scénarios macroéconomiques pour 2025 et au-delà.
