L’Inde et les États-Unis améliorent leurs négociations commerciales, et un compromis partiel semble à portée de main. Toutefois, des lignes rouges sectorielles demeurent, et la séquence actuelle pourrait bien s’étaler jusqu’à l’annonce d’un premier paquet d’accords.
Que contiendrait le « premier paquet » ?
Selon des informations relayées par la presse économique et notamment Reuters, Washington envisagerait de réduire les droits sur les exportations indiennes. En effet, les scénarios cités parlent d’un abaissement net de certains tarifs américains, potentiellement dans les secteur énergie et agriculture, afin de relancer les flux commerciaux.
Côté architecture, le texte viserait une « phase 1 » ciblée, ouvrant la voie à un accord plus large d’ici 2026. Par ailleurs, les deux capitales entendent bien conserver une marge de manoeuvre pour ajuster quotas, règles d’origine et calendriers.
L’objectif stratégique affiché est « Mission 500 » : porter les échanges bilatéraux à 500 milliards de dollars d’ici 2030. Une cible qui sert donc de boussole aux équipes, tout en cadrant la liste des secteurs prioritaires.
Les discussions ont donc repris dans un contexte plus large de tensions tarifaires initiées par Washington. Ainsi, l’option d’un apaisement bilatéral progressif, plutôt qu’un « grand soir » commercial, gagne du terrain chez les négociateurs.
My statement in the Rajya Sabha on India-US Bilateral Trade. https://t.co/pwuBKo9S6h
— Piyush Goyal (@PiyushGoyal) July 31, 2025
Les lignes rouges : agriculture, santé et accès au marché
New Delhi répète à l’envi que le sujet de l’agriculture reste non négociable : la protection des éleveurs et des pêcheries prime, même si des contingents tarifaires sont actuellement discutés. C’est donc un verrou qui conditionnera la portée réelle du texte.
À l’inverse, Washington insiste de son côté sur un plus grande fluidité d’échanges pour l’agro-alimentaire et certains dispositifs médicaux, avec des clauses de transparence. Des demandes qui reviennent sur la table à chaque séquence de travail.
Sur l’industrie, l’accord pourrait inclure une modernisation des garde-fous sanitaires et phytosanitaires, afin de fluidifier les inspections. Toutefois, il apparaît que ce calibrage des normes restera un sujet sensible pour les deux administrations.
Enfin, la partie réglementaire serait articulée autour de fils rouges géopolitiques : chaînes de valeur sur les semi-conducteurs, minéraux critiques et technologies duales. Avec un objectif double : réduire la dépendance et sécuriser l’investissement.
Quels impacts pour les marchés ?
Un dégel tarifaire ciblé a le potentiel d’améliorer la visibilité prix pour les exportateurs, et donc la planification des volumes et des stocks. Conséquence : la prime de risque logistique se compresse, surtout sur les routes maritimes les plus sensibles.
Pour les entreprises les plus exposées aux États-Unis, la baisse de barrières douanières pourrait abaisser le coût marginal et permettre des marges plus prévisibles. Bien évidemment, on tempérera cet espoir en précisant que l’effet dépendra du périmètre exact des abaissements et du phasage des coupes.
Du côté des marchés financiers, un signal politique clair en direction de la fameuse « Mission 500 » réduirait l’incertitude réglementaire. En effet, les flux d’IDE suivent de près le cycle des accords, surtout dans les secteurs de l’électronique et des services.
À noter également : cette séquence s’inscrit dans un cycle plus large d’allègements ou de trêves tarifaires du côté américain. On peut notamment citer un précédent récent avec l’UE et Bitcoin qui a eu des effets immédiats sur le sentiment de marché.
Ambassador Jamieson Greer had a productive meeting with the Indian Minister of Commerce and Industry @PiyushGoyal during his recent trip to the United States.
They have since continued to have engaging conversations on reciprocal trade, expanding market access, and President… pic.twitter.com/rza81BAqD4— United States Trade Representative (@USTradeRep) March 13, 2025
La méthode et le calendrier
Techniquement, les équipes ont formalisé des « terms of reference » depuis le printemps, dans le but de structurer et séquencer les chapitres et les échanges de propositions de textes. Depuis lors, les cycles s’enchaînent vers une annonce d’un accord partiel.
Le scénario central est donc l’obtention d’un paquet minimal sur les tarifs douaniers et les accès au marché, assorti de groupes de travail sectoriels. Toutefois, des facteurs politiques pourraient encore venir décaler la fenêtre d’annonce.
Sources
- USTR – Terms of Reference Inde–États-Unis
- Ambassade de l’Inde à Washington – Brief bilatéral
- Reuters