Une coalition de dix grandes banques étudie l’émission d’une forme de monnaie numérique qui serait adossée 1:1 à des réserves et disponible sur des blockchains publiques. L’objectif affiché est d’envisager un instrument de paiement stable, compatible avec les exigences réglementaires, et tourné vers les devises du G7. À ce stade, le projet reste exploratoire, et des échanges sont en cours avec les superviseurs.
Pourquoi c’est important
Cette approche vise un actif numérique « plein-réserves » conçu pour les paiements, qui ne serait donc pas un jeton spéculatif. Elle cherche à combiner à la fois rapidité, programmabilité et garde conforme.
Les banques envisagent donc une alternative aux rails de paiement actuels, qui sont dominés par des stablecoins privés. Elles veulent faire monter les enchères avec une meilleure transparence des réserves et un cadre de risques de niveau bancaire.
Car en effet, la demande pour des paiements 24/7 et interopérables progresse. Si certains s’en réjouissent, les régulateurs rappellent les risques pour la stabilité financière et la politique monétaire si ces jetons dépassent un usage purement limité aux marchés crypto.
Qui participe et quel périmètre ?
Le groupe comprend notamment Bank of America, Deutsche Bank, Goldman Sachs, UBS, Citi, MUFG, Barclays, TD Bank, Santander et BNP Paribas. Les travaux portent sur des jetons libellés en devises du G7, émis avec des réserves correspondantes, et circulant sur des blockchains publiques. De plus, des échanges avec les autorités prudentielles ont été intégrés au processus dès le départ.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un retour en force de la finance traditionnelle sur les actifs numériques. De plus, elle complète aussi d’autres chantiers bancaires, comme les dépôts tokenisés et les réseaux interbancaires programmables. Les dirigeants de plusieurs établissements jugent d’ailleurs la tokenisation des dépôts comme un sujet au moins aussi structurant que les stablecoins.
Major banks explore issuing stablecoin pegged to G7 currencies https://t.co/p5MfW69vJe https://t.co/p5MfW69vJe
— Reuters (@Reuters) October 10, 2025
Le contexte en Europe et les précédents
Un mois plus tôt, neuf banques européennes avaient annoncé un projet de stablecoin en euros sous supervision, illustrant la dynamique régionale. Ainsi, le terrain concurrentiel se clarifie entre initiatives bancaires, stablecoins privés et CBDC, au profit d’une clarification et d’une stabilisation du secteur.
Cependant, les autorités restent prudentes sur la taille, la gouvernance et l’usage quotidien de ces instruments. Elles redoutent en effet des effets d’éviction du dépôt bancaire si l’adoption grand public s’accélérait brutalement.
Prochaines étapes et scénarios
Après ces premières explorations, le consortium devra trancher plusieurs points techniques et réglementaires. Au premier rang figureront : réserves ségréguées, audits, règles KYC/AML, choix des réseaux publics, et gestion du risque opérationnel. Une fois ces points traités, un pilote limité, ciblant d’abord les paiements B2B et le règlement on-chain, paraît plausible.
En termes de calendrier, une approche réaliste passerait par des expérimentations en environnement contrôlé, puis une extension graduelle par devises et cas d’usage. Le succès de cette initiative dépendra de l’alignement réglementaire, de l’appétit des entreprises et de l’interopérabilité avec les systèmes existants. Et d’ici là, les projets européens et britanniques sur les dépôts tokenisés pourraient servir de banc d’essai.