Les grandes banques britanniques veulent bel et bien passer à la vitesse supérieure. Les dépôts tokenisés débarquent en pilote industriel, dans un contexte difficile, alors que la Banque d’Angleterre durcit le ton sur les stablecoins et rebat les cartes des rails de paiement.
Dépôts tokenisés : cap maintenu malgré la prudence de la BoE
Les acteurs de la City ne freinent pas. HSBC, NatWest et Lloyds mènent donc un pilote de dépôts tokenisés via UK Finance. Cette opération s’inscrit dans le sillage de l’appel d’Andrew Bailey à privilégier la tokenisation plutôt que des stablecoins maison. L’objectif sous-jacent est d’accélérer les paiements, de les rendre moins coûteux et mieux programmables.
Mais la banque centrale reste toutefois méfiante envers les stablecoins. En effet, la BoE met en garde contre un assèchement des dépôts au profit des stablecoins. Cependant, elle permet aux banques d’expérimenter la tokenisation de leurs dépôts sans changer les règles. Le cadre de stabilité détaillé dans le Financial Stability Report de juillet 2025 éclaire cette ligne.
Quels cas d’usage et quel calendrier ?
Ce pilote s’attaque d’abord aux paiements sur des marketplaces. Le calendrier court jusqu’à mi-2026, et des tests sont prévus dans le remortgage et le règlement d’actifs numériques. Par ailleurs, Barclays, Nationwide et Santander ont également annoncé rejoindre l’initiative, étoffant ainsi l’interopérabilité entre établissements.
Mais certains voient plus loin : selon HSBC, le vrai potentiel est ailleurs. D’après le groupe britannique, la demande la plus forte se trouve au niveau des paiements transfrontaliers, là où les frictions des réseaux de correspondants augmentent les coûts et rallongent les délais. Dès lors, l’intérêt réside dans une orchestration des activités inter-banques, jadis manquante, dont ce pilote entend démontrer l’utilité.
Our Financial Stability Report looks at the risks in our financial system and what we are doing to ensure households and businesses can rely on it.
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— Bank of England (@bankofengland) July 9, 2025
Ce que cela change pour les banques et les clients
Concrètement, cette innovation ne crée pas de “nouvel” argent. Après tout, un dépôt tokenisé reste une créance sur une banque, mais qui gagne en programmabilité et permet un règlement quasi instantané, tout en restant dans le périmètre prudentiel. C’est donc une approche qui vise l’efficacité sans pour autant casser les équilibres de la transformation bancaire.
Pour les banques, l’enjeu est double. Elles modernisent leurs rails de paiement tout en évitant des “stablecoins de banque” dont les effets macro sont pour le moins incertains, notamment sur la base de dépôts. Toutefois, il faut reconnaître que le “branding” des stablecoins a le potentiel de séduire le grand public. D’où l’importance d’usages concrets côté e-commerce et crédit.
Conséquences pour les stablecoins et pour la City
Le signal stratégique est clair. La tokenisation bancaire commence à s’imposer comme une alternative crédible aux stablecoins privés. En effet, ces derniers sont jugés problématiques pour la stabilité financière. Cependant, la compétition dans ce secteur s’intensifie, avec les projets de stablecoin en euro et les avancées américaines depuis le GENIUS Act.
Pour plus de contexte sur le sujet brûlant des stablecoins, relisez notre analyse des prises de position récentes de la BoE. En résumé, les banques gardent les flux dans le périmètre qui leur est prescrit par le régulateur, tandis que l’innovation se déplace vers des dépôts numériques adossés à la monnaie scripturale.
Pour conclure en une phrase : Londres joue un numéro d’équilibriste entre vitesse d’exécution et gestion du risque. On a hâte de voir où cela va mener la City, affaire à suivre.