L’offensive politique était attendue. Le Congrès américain, lassé des ambiguïtés de la Securities and Exchange Commission (SEC), exige désormais une feuille de route claire sur la cotation des cryptomonnaies. C’est une interpellation qui intervient alors que les États-Unis traversent une phase décisive.
La SEC face à un virage stratégique
Sous Gary Gensler, la SEC avait durci le ton. Des procès retentissants contre Coinbase et Binance avaient nourri l’image d’une agence rétive à toute innovation. Mais depuis janvier 2025, le ton a changé. Paul Atkins, ancien commissaire, a promis d’ouvrir la voie à une régulation « constructive ».
La SEC parle aujourd’hui d’exemptions pour l’innovation, encourage la tokenisation d’actifs réels et prépare pour avril 2026 un plan global sur la garde et la vente de cryptomonnaies.
Pourtant, une zone d’ombre persiste : comment les cryptomonnaies peuvent-elles accéder aux marchés boursiers traditionnels ? Le Congrès s’est saisi de la question. Il réclame des explications nettes sur les procédures et normes appliquées aux titres numériques cotés. C’est la porte d’entrée vers Wall Street qui est en jeu.
Le Congrès veut de la transparence
La pression est explicite : les élus exigent que la SEC expose ses méthodes. Qui décide qu’un actif est prêt pour la cotation ? Quelles garanties protègent les investisseurs ? Quelle place pour des produits comme les ETF spot ? Avec ces interrogations qui montent, il y a un enjeu colossal : crédibiliser l’intégration des cryptos dans le système financier classique.
En effet, cette demande s’inscrit dans la lignée de deux textes adoptés cet été, le Genius Act et le Clarity Act, qui définissent enfin le statut juridique des stablecoins et des tokens.
Le Congrès veut aller plus loin : fixer un cadre transparent pour que les cryptos ne naviguent plus dans une zone grise réglementaire. Le marché réclame de la visibilité, et la politique veut l’imposer.
L’heure des ETF cryptos
Le 17 septembre 2025, la SEC a validé un nouveau cadre de cotation, avec pour objectif de permettre à une douzaine de cryptomonnaies (au-delà du Bitcoin et de l’Ethereum) d’intégrer prochainement des produits financiers listés sur le Nasdaq ou le NYSE Arca. Parmi elles, des noms familiers comme Solana, XRP, Litecoin ou même Dogecoin.
Les analystes y voient une bascule historique. Eric Balchunas, de Bloomberg, parle d’« une entrée par vagues » sur les marchés. En clair, la moindre approbation devrait attirer une masse de capitaux institutionnels. C’est l’institutionnalisation du secteur qui s’accélère.
Innovation encadrée, mais assumée
Paul Atkins martèle sa ligne : la régulation doit protéger, mais aussi stimuler. L’agenda de la SEC vise autant à sécuriser les investisseurs qu’à renforcer la compétitivité des start-up blockchain américaines.
Des amendements sont en préparation pour élargir le champ de la cotation, notamment via des systèmes alternatifs de trading. Leur mise en œuvre est attendue pour avril 2026.
Ce calendrier s’annonce serré, mais il reflète une volonté légitime, celle de positionner les États-Unis comme le centre névralgique de l’économie numérique mondiale. Et envoyer un signal fort aux autres régulateurs, de Londres à Singapour, qui observent attentivement ce tournant américain.
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